Le scandale des fuites des sujets du bac dont l'ampleur a visiblement ébranlé la ministre de l'Education, Nouria Benghabrit — tête de turc de la mouvance islamo-conservatrice —, voire même le gouvernement, n'en finit pas de susciter des commentaires et autres interprétations. Conséquence d'un naufrage moral national, complot ou vaste machination politique ? La secrétaire générale du parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, qui a de nouveau réitéré, hier, son soutien indéfectible à la ministre de l'Education nationale, a laissé entendre que ces fuites procèdent "d'une vaste opération politicienne". "Le PT réitère son soutien à Mme Benghabrit qui a prouvé son patriotisme, son nationalisme et son engagement pour réformer l'école et la sortir de sa médiocrité, une école ouverte sur le monde. Mme Benghabrit est victime d'un complot politique (...), une opération sale et criminelle", a de nouveau estimé Louisa Hanoune lors de son rapport à l'ouverture des travaux du conseil national du parti tenu à Zéralda, le troisième depuis la tenue du congrès fin mars dernier. D'ailleurs, elle n'a pas manqué d'appeler à l'identification des commanditaires "car ils visent à plonger le pays dans le chaos". "Il ne suffit pas d'arrêter certains et les sanctionner, mais il faut identifier les commanditaires (...) Cela ne nous console pas qu'il y ait fraude au Maroc et en Egypte. Nous n'accusons aucune partie. Nous avons une lecture politique, mais nous attendons les résultats de l'enquête pour exprimer notre position", a-t-elle précisé. Si elle inscrit cette question dans un cadre politique, c'est parce que les choses semblent bouger, à ses yeux. "La décantation est en cours de façon accélérée sur la scène politique et médiatique", a-t-elle relevé. Dans le même contexte, elle s'est étonnée de ce que les deux projets de loi (loi électorale et celle portant création de l'instance indépendante pour l'organisation des élections) ne soient pas inscrits dans l'agenda de l'Assemblée, alors que le dernier Conseil des ministres insistait sur leur mise sur les rails "sans délais". "Selon certains cercles, il y aurait des tractations dont l'objectif est de gêner l'opposition", présume-t-elle. Aussi, qualifie-t-elle de "discrimination étrange" le projet de loi visant à astreindre les officiers supérieurs à la retraite à l'obligation de réserve. "Tout le monde est d'accord pour que les officiers supérieurs soient tenus par l'obligation de réserve concernant le secret militaire, mais il est illogique qu'ils n'exercent pas leur droit de s'exprimer et de faire de la politique." "On ne peut pas appuyer cela", dit-elle. Autres projets rejetés par le PT : le retour sur la retraite anticipée, estimant que "les arguments du gouvernement sont infondés". Karim Kebir