Le président Bouteflika doit tenir ses engagements et «libérer» le projet de révision constitutionnelle. C'est ce qu'a affirmé, hier à Alger, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, précisant que ce texte «doit impérativement être soumis à un référendum populaire». Intervenant à l'ouverture des travaux de la session ordinaire du bureau politique de son parti, elle a établi une sorte de bilan de la première année du 4e mandat du chef de l'Etat. Rappelant les engagements électoraux du président Bouteflika, réitérés à l'occasion de sa prestation de serment, la patronne du PT a déclaré qu'«il est temps, un an après la présidentielle, de libérer le projet de révision de la Constitution et le soumettre au peuple qui a prouvé sa capacité à faire face à tous les dangers et affirmé sa maturité et sa disponibilité à assumer ses responsabilités». Louisa Hanoune parle de «spéculations» et de «divagations» qui entourent en ce moment ce projet, en référence aux fuites organisées sur son contenu. Ce faisant, elle estime que la démocratisation du système politique et l'édification d'institutions crédibles passent par une révision profonde de la Loi fondamentale du pays. «Quand les institutions sont légitimes et crédibles, elles peuvent résoudre tous les problèmes. Et pour avoir ce genre d'institutions et asseoir la base d'une véritable démocratie, il faut une révision profonde de la Constitution», plaide-t-elle. Dans la foulée, elle rappelle ses échanges avec le chef de l'Etat autour de cette question : «J'ai demandé au président de la République de libérer ce projet. Mais quand on parle de réforme constitutionnelle, il faut tirer les leçons des réformes engagées en 2012 et qui ont été vidées de leur sens par le Parlement de l'époque. Le Président peut oser, à travers cette révision de la Constitution, la deuxième République.» «La démocratisation du système politique est nécessaire pour la reconstruction d'une République», dit-elle, en revenant sur les propositions faites par son parti dans le cadre des consultations menées respectivement par Abdelkader Bensalah et Ahmed Ouyahia. Le PT, cite-t-elle, a proposé la révocation des élus par le peuple, y compris le président de la République ; l'officialisation de la langue amazigh ; la nomination d'un ministre de la défense civile ; la primauté du pouvoir législatif et la suppression du Sénat. En revanche, Louisa Hanoune se dit contre le retour à la limitation des mandats présidentiels à deux qui «n'assure pas, selon elle, le principe de l'alternance au pouvoir». Pour Mme Hanoune, la nouvelle Constitution doit consacrer également une réelle indépendance de la justice à travers l'élection, par ses pairs, du président du Conseil supérieur de la magistrature. «La réforme politique profonde et le découpage administratif n'auront aucun sens en l'absence de législatives et de locales anticipées et d'un véritable remaniement ministériel», ajoute-t-elle. Et de reprendre, par la même occasion, son offensive sur «les nouveaux riches» et «l'oligarchie» qui veut s'approprier les prérogatives de l'Etat. La patronne du PT appelle également au contrôle par la Cour des comptes de l'argent alloué au financement de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe». «Des projets sont attribués aux copains. Quand un seul homme prend 17 milliards, il y a lieu de se poser des questions», lance-t-elle.