Lors de la rencontre régionale d'évaluation des activités des 13 wilayas de l'Ouest, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour rappeler aux walis et directeurs exécutifs les attentes du gouvernement en termes de rationalisation des dépenses et de développement économique : "L'ère des transferts des budgets de l'Etat pour pallier les déficits de gestion est révolue (...) Tout le monde doit rechercher et trouver ses propres sources de financement", a-t-il affirmé en déplorant la persistance "de l'esprit de la rente chez les collectivités locales qui se contentent d'attendre les transferts financiers de l'Etat". Le ministre a également regretté qu'en dépit des instructions du gouvernement allant dans le sens d'une rationalisation des dépenses, la gestion dans les collectivités locales demeure empreinte d'une forte tendance à la dépense : "Certains vont même jusqu'à accommoder leurs budgets de sorte à maintenir la même masse de dépenses au détriment des dépenses obligatoires et des équipements." Une année après la rencontre gouvernement-walis, qui a eu lieu en août 2015, Noureddine Bedoui a donc entamé, hier, le cycle de regroupements régionaux d'évaluation des activités des différentes wilayas ; une sorte de halte pour souligner les réalisations et pointer les défaillances en prévision d'une prochaine rencontre nationale avec le Premier ministre. Même s'il a reconnu que des avancées ont été enregistrées cette année, le ministre a également déploré que les walis ne sont pas toujours là où on les attend, c'est-à-dire sur le terrain de la gestion locale des finances et dans l'orientation des communes vers les priorités en matière de dépense : "Tous les rapports, a-t-il dit, lors de sa longue intervention, établissent un bilan négatif en matière de dynamisation de l'économie locale. Les impôts sont insuffisamment recouvrés (...) certains biens sont exploités sans contrepartie et d'autres détournés de leur vocation (...) Nous devons lutter contre ce genre de pratique." Il est temps, a-t-il encore estimé, de prendre les mesures de réajustement qui s'imposent afin d'améliorer les mécanismes de perception des impôts, d'autant que l'état a mis en place des instruments qui permettent de se départir de la gestion approximative des finances pour aller vers une administration plus pointue des biens et des ressources.
De la modernisation du service public Après l'aspect gestion des finances et l'obligation qui est désormais faite aux communes et collectivités locales de s'autonomiser en matière de ressources, Noureddine Bedoui a abordé le dossier administration et service publics pour lequel un observatoire nationale a été installé en mars dernier. Le ministre a rappelé que la modernisation du service public va au-delà du permis de conduire biométrique et de la carte grise électronique : il est question, a-t-il dit, de lutter contre la bureaucratie et la corruption, de garantir la sécurité des biens et des personnes, d'assurer des prestations de qualité... : "Il revient aux walis, au premier chef, de mettre en place les mécanismes à même de garantir des services de qualité, loin des viles pratiques bureaucratiques (...)", a-t-il encore lancé. Noureddine Bedoui a averti que l'Etat ne permettra plus le laxisme chez certains responsables et services qui ne prennent même pas la peine de préparer des échéances, pourtant prévues dans le temps, comme la rentrée sociale ou les saisons agricoles : "S'il s'avère que tel ou tel responsable fait preuve de laxisme ou de laisser-aller, il sera congédié", a-t-il prévenu. Le ministre a, par la suite, ressassé les "constantes" sur lesquelles l'Etat ne reculera jamais : l'alternance au pouvoir, la garantie des libertés individuelles et collectives, la promotion des droits de la femme et de l'enfant ou encore la défense de la liberté de la presse... S. Ould Ali