Les amoureux du livre sont conviés pour échanger des livres, des mots, des sourires, à la place de la liberté d'expression Saïd-Mekbel. Le rendez-vous a été fixé pour samedi, après la rupture du jeûne. Au-delà de l'échange de bouquins que l'on a lus et aimés, c'est une occasion de rendre hommage à un poète disparu, assassiné par la horde terroriste, Youcef Sebti. Les animateurs de "Bruit des mots", un espace de débat et d'échanges, organisent, samedi prochain, la nuit du livre. Les amoureux du livre, de la belle poésie et des belles peintures ont été conviés pour échanger des livres, des mots, des sourires, à la place de la liberté d'expression Saïd-Mekbel. Le rendez-vous a été fixé pour après la rupture du jeûne. Au-delà de l'échange de bouquins que l'on a lus et aimés, c'est une occasion de rendre hommage à un poète disparu, assassiné par la horde terroriste, Youcef Sebti. Un ami de Béjaïa et des Bougiotes, qu'il avait l'habitude de visiter en été à l'occasion des "Poésiades", aujourd'hui disparues. En effet, Youcef Sebti était un poète, qui ne ratait pour rien au monde le festival national de poésie de Béjaïa ; en tant que membre de jury avec d'autres poètes, feu Tahar Djaout, Abdehamid Laghouati, Djamel Amrani, Farid Mammeri, Samy Abtroun, Ahmed Oumaziz, Hadjira Oulbachir, Ahmed Azeggagh, Malek Houd, etc. Il venait décompresser mais aussi pour se rassurer : la relève est assurée. Les "Poésiades" permettaient aux poètes en herbe, en français, arabe (classique et dialectal) et bien évidemment en berbère, de venir clamer leur poésie en public et devant des poètes consacrés. La vie culturelle était animée même si les organisateurs étaient souvent sans le sou. L'organisation de ce festival dépendait de subventions de l'APW et de la direction de la jeunesse et sports, qui englobait alors la culture. L'argent arrivait toujours avec plusieurs mois de retard. Et les pauvres animateurs étaient obligés sans cesse d'aller rassurer leurs créanciers. Pourtant, chaque année, l'expérience est renouvelée pour l'amour de l'art et de la poésie. Aussi, durant la Nuit du livre, beaucoup se remémoreront, avec tristesse sans doute, feu Smaïl Oulebsir, le président de l'association, qui avait réussi à pérenniser l'activité notamment après le départ de l'ancien président, Abdelaziz Yessad. Du temps a passé. Mais la relève est là. Sans grands moyens, les animateurs du Café littéraire, de Bruit des mots, de Ballade littéraire – quoique cette dernière se soit éclipsée ces derniers mois – arrivent à maintenir un semblant d'activité. Ils ont rendu possible un espace de débat, souvent critique. Plus encore, on se bouscule pour y être invité. Et c'est pour cette raison que Wassila Tamzali n'a pas hésité une seconde à dire oui à Noureddine Saïdi pour être présente samedi soir. Idem pour des auteurs de la région ou de passage, d'autant qu'il s'agit d'une Nuit du livre, dédiée à Youcef Sebti.Pour rappel, il a été assassiné dans la nuit du 27 au 28 décembre 1993. Il est né le 24 février 1943 à Boudious, près d'El-Milia, wilaya de Jijel. Le poète avait écrit notamment : "Je suis né dans l'enfer, l'enfer est en moi, Je n'ai pas fait la guerre, elle m'a fait." Des vers qui ne peuvent que le rapprocher de tous les Algériens, marqués par les souffrances de la guerre d'indépendance. Aucune famille n'échappait à la violence de la machine de guerre coloniale. L'Algérie indépendante le hantait tout autant, écrira de lui un de ses amis : "II se peut que l'oued El-Kébir déborde, qu'il envahisse vallées et plaines, qu'il emporte chênes, oliviers, troncs, qu'il recouvre de sa boue les terres ; qu'il rejette de son ventre des poissons inertes." Hormis le poète, nul ne peut identifier comme lui les traumatismes de la colonisation et les ingrédients du mal-être des Algériens. M. Ouyougoute