l'Algérie, c'est aussi ce pays qui, en cette fin de l'année 2002, s'abstient de ratifier une convention internationale contre la torture sans que cela émeuve grand-monde parmi les militants des droits de l'Homme. Les détenus du mouvement citoyen sont en grève de la faim depuis bientôt un mois. Leur état de santé s'est gravement détérioré ces derniers jours à un point tel que leur vie est désormais en danger. Jusqu'ici, les organisations nationales des droits de l'Homme, tous statuts confondus, se sont abstenues de dénoncer ce fait accompli et d'agir pour faire pression sur un pouvoir coupable pourtant d'arrestations arbitraires. Ce silence, tout comme celui de la majorité de la classe politique algérienne, n'est sans doute pas étranger à cette facilité que met ce même pouvoir à persévérer dans la seule voie de la répression, comme il vient de le démontrer de nouveau. L'état de santé des détenus n'a pas dissuadé l'administration pénitentiaire, cette fin de semaine, d'ajouter à leur martyre : pour les punir d'un crime de lèse-majesté qui a consisté en leur refus de discuter avec le procureur de la République, ils ont été jetés au cachot et y sont restés jusqu'à n'en plus pouvoir. Ce qui leur a valu un énième transfert aux urgences de l'hôpital de Tizi Ouzou. Que penser alors de ces mesures annoncées en grande pompe par le ministre de la Justice et destinées, dit-on, à “humaniser les prisons” ? S'il est établi qu'aucune prison ne sera jamais humaine, chacun admettra que l'Algérie est loin, très loin, de réaliser un tel exploit. Car, ne l'oublions pas, l'Algérie, c'est aussi ce pays qui, en cette fin de l'année 2002, s'abstient de ratifier une convention internationale contre la torture sans que cela émeuve grand-monde parmi les militants des droits de l'Homme. Souvent, ces derniers ne se souviennent de Belaïd Abrika que pour parler de Ali Benhadj ou de Abassi Madani. Non, la fermeture du pénitencier de Serkadji et la spécialisation de celui d'El-Harrach dans la détention provisoire ne sont pas significatives d'une volonté de respecter la dignité des gouvernés. Lorsqu'un Etat ne respecte pas la dignité de ses citoyens, les prisonniers ne sont que des otages du pouvoir... et du silence. S. C.