La genèse de cette affaire remonte à juin 2014 lorsque les services de sécurité de la wilaya de Tlemcen interceptent à Béni Boussaïd, localité frontalière du royaume marocain, réputée pour être le point de départ des transferts de drogue, un camion transportant 375 kg de résine de cannabis. Arrêté en flagrant délit, le conducteur ne fait aucune difficulté pour passer aux aveux et dénoncer ses compères. Les informations qu'il livre permettent aux enquêteurs de mettre la main sur une autre quantité de drogue estimée à 300 kg dans une ferme des environs, la saisie de deux véhicules (une Renault Laguna et une Renault 21) sans documents et l'identification de 11 personnes soupçonnées d'appartenir à un réseau de trafic entre le Maroc et l'Algérie. Les services de sécurité n'arrêteront cependant que 9 suspects qui seront déférés devant la justice et inculpés pour importation, commercialisation, recel et transport de drogue. Selon l'arrêt de renvoi lu durant le procès qui a eu lieu la semaine dernière à la cour criminelle d'Oran, les investigations démontreront que certains de ces suspects étaient en contact direct avec un certain Souci Ali, baron marocain soupçonné d'être le fournisseur attitré de ce réseau de trafic de drogue. Il traitait particulièrement avec le principal mis en cause dans cette affaire, à savoir C. B. qui était déjà recherché en vertu de 5 mandats d'arrêt. Après le stockage de la marchandise dans la ferme citée plus haut (contre 50 000 DA le quintal) C. B. transportait la drogue jusqu'à Tizi Ouzou et la confiait à un certain B. M., dit Hamou. À la barre du tribunal criminel de la cour d'Oran, C. B. tentera de revenir sur ses premières déclarations et nier les faits qui lui sont reprochés, mais il finira par admettre son implication dans ce vaste trafic de drogue. Il évoquera également un de ses complices en fuite qu'il avait vu "brasser d'importantes sommes d'argent qu'il transportait vers le Maroc". Les 8 autres prévenus tenteront chacun en ce qui le concerne de nier sa participation ou d'en minimiser l'importance. Ce qui n'empêchera pas le ministère public de réclamer la perpétuité contre l'ensemble des accusés. Selon leur client à nier ou reconnaître les charges qui pesaient sur eux, les avocats de la défense plaideront l'acquittement ou les circonstances atténuantes notamment en raison de la situation sociale des prévenus. Au final, la cour criminelle d'Oran prononcera des peines allant de 5 ans de prison à 20 ans de réclusion criminelle pour le principal accusé et la perpétuité par contumace pour les deux suspects en fuite. S. Ould Ali