Résumé : Les résultats d'analyses confirmèrent l'état de Meriem. Elle était bel et bien enceinte. Le médecin insiste pour qu'elle avorte, mais elle refuse. Elle voulait garder le bébé. Cependant, elle savait que les jours qui allaient suivre ne seraient pas de tout repos. D'ailleurs elle dépérissait à vue d'œil. Son père lui rappelle encore une fois qu'elle travaillait trop. Mais elle le rassure, en lui disant qu'une fois les examens terminés, elle prendra ses vacances et partira au bled. Il ne trouve alors rien à redire, sauf que parfois il l'empêchait de cuisiner ou de faire la vaisselle le soir, et lui suggérait d'aller se reposer dans sa chambre. La jeune fille se jetait alors sur ses oreillers pour pleurer les larmes de son corps. Elle avait échafaudé un plan et comptait le mener jusqu'au bout. Deux mois passent. Son ventre commençait à s'arrondir. Elle dû porter des vêtements plus amples pour cacher son état, et continuer à se rendre au lycée, sans attirer les regards sur elle. Avec beaucoup de courage et de volonté, elle passe ses examens, et sans plus attendre, elle prend l'avion pour se rendre au bled. Maintenant, elle voyageait seule et n'avait plus besoin de chaperon pour l'accompagner. Elle connaissait son itinéraire, et n'eut aucun mal à arriver au village en prenant le bus dès son arrivé à l'aéroport. Elle avait fait une escale en ville, puis reprit un autre bus pour monter au village. Sa belle-mère qui ne l'attendait pas de sitôt fronce les sourcils à sa vue. Mais Taos qui était là la devance pour l'embrasser et lancer d'une voix joyeuse : -Meriem ? Tu es de retour ? Quelle bonne surprise. Rentre donc. Ne reste pas plantée au seuil de la maison. Houria allait faire un commentaire, mais se retint à la vue de Aïssa qui accourait sur ses petites jambes pour se jeter dans les bras de sa sœur. Meriem le serre contre elle, et éclate en sanglots. Houria s'écrie : -Te voilà encore ici pour attirer la poisse sur nous. Pourquoi pleures-tu donc ? Tu crains qu'on ne te dévore ? Taos qui n'avait pas cessé de dévisager la jeune fille comprend aussitôt que Meriem avait des ennuis. D'ailleurs, sa maigreur était frappante, et son teint pale n'augurait rien de bon. Elle s'approche d'elle et lui entoure les épaules : -Tu dois être fatiguée par le voyage ma fille. Allez, viens ! J'ai préparé un potage et des légumes en sauce. Tu feras honneur à mon dîner, puis tu iras te reposer dans ta chambre. Elle l'entraîne dans la cuisine, donc sur ses pas, et la fit asseoir devant la grande table en bois : -Comment cela va-t-il en France ? Ton père ne compte pas venir pour les vacances ? Meriem hoche timidement sa tête : -Si. Il viendra peut-être dans un mois. Je... Comme j'ai terminé mes examens, j'ai préféré le précéder. -Tu as bien fait. Tu te serais sûrement ennuyée à mourir en attendant les résultats de tes examens. J'espère que tu décrocheras ton bac. Ton père en sera très fier. -Je l'espère moi aussi. J'ai bien travaillé. -C'est évident. Tu as dû passer de longues nuits blanches penchées sur tes livres. Il n'y a qu'à voir ton air fatigué et les cernes sous tes yeux. Meriem garde le silence. Elle passe une main caressante sur la tête de son petit frère et laisse encore couler ses larmes. Taos dépose devant elle un potage fumant et lance : -Allons ! Pourquoi pleures-tu ? Je suis certaine que tu vas récolter le fruit de ton labeur. Ne sois pas pessimiste ma chérie. Allez, goûte un peu à ce potage, il est délicieux. Demain, lorsque tu te sentiras un peu mieux, tu me raconteras en détail ce qui te chagrine tant. Meriem déglutit. Taos était la seule femme à qui elle pourra se confier. Elle lève ses yeux larmoyants vers elle et tente de dire quelque chose, mais les mots refusèrent de sortir de sa bouche. Elle prend une cuillère et tente d'avaler son potage chaud. Une nausée lui soulève le cœur. Elle repousse son assiette et court se soulager. Taos la suit des yeux. Aïssa pleurait. Il avait tenté d'attirer l'attention de sa grande sœur sur lui, mais cette dernière l'avait plutôt ignoré. Houria accourt et le prend dans ses bras. -Que se passe-t-il. Pourquoi pleure-t-il ?, demande-t-elle à Taos. Et où est donc passée cette écervelée qui vient d'atterrir chez nous à la tombée du jour, sans tambour ni fanfare ? Taos soupire : -Houria ! Tu ne changeras jamais. Meriem n'a pas besoin de nous avertir pour venir chez elle. Elle est allée s'asperger le visage dans la salle de bain, et c'est pour cela que Aïssa pleure. Il doit penser qu'elle l'a abandonné. -Il est trop jeune pour comprendre les comportements de cette vaurienne. (À suivre) Y. H.