Résumé : Une fois rassuré sur l'état de sa fille, Amar reproche à Houria de n'avoir pas fait ausculter Aïssa par un pédiatre. Taos tente de détendre l'atmosphère et lui assure que le bébé faisait ses dents et n'avait rien d'inquiétant. Il reprend Aïssa dans ses bras et le jette en l'air. Le bébé se met à rire. Amar sentit ses yeux s'embuer. Ses enfants étaient le bien le plus précieux qu'il possédait. Il adresse une prière muette à Dieu afin qu'Il les préserve des maux de ce bas-monde, et qu'Il leur accorde une longue vie. Houria tente d'attirer son attention : -Amar. J'ai préparé du café et une délicieuse tarte à ton intention. Ne veux-tu pas y faire honneur ? Mais l'homme ne l'écoutait pas. Il repensait à ses deux fillettes mortes en bas âge et aux souffrances qu'il avait endurées. Il regarde le bébé qui jouait dans ses bras, puis tend sa main à Meriem qui la prend dans les siennes en fermant les yeux. Elle comprenait et ressentait les souffrances de son père. -Papa. Tu devrais te reposer. Demain, nous aurons toute la journée devant nous pour discuter. -Je vais suivre ton conseil ma chérie. Demain tu me raconteras tous les détails de ton accident. Houria se mord les lèvres et lance un regard méfiant à Meriem qui détourne le sien. Aïssa babillait. Il était vraisemblablement heureux dans les bras de son père. Amar l'embrasse avant de le remettre à sa mère : -Prends soin de lui. Ne refais pas les erreurs du passé. Si la fièvre revient, appelle un médecin. -Bien sûr. Tu es parmi nous pour quelques jours. Tu verras que ton fils se porte bien. Je donnerai la prunelle de mes yeux pour lui. -Je ne t'en demande pas autant Houria. Cet enfant est encore trop jeune et trop fragile, ne le néglige pas. C'est tout ce que je te demande. Les jours qui suivirent furent plus sereins pour Meriem. Amar avait tenu à lui faire refaire ses radios et les médecins l'avaient rassuré : dans deux semaines tout au plus la fracture se ressoudera totalement. Quelques séances de rééducation seront nécessaires, mais comme Meriem devrait rentrer en France pour reprendre ses études, on lui prescrira une ordonnance qu'elle devra remettre à un kinésithérapeute afin de suivre ces séances, et de ne pas rater ses cours, déjà qu'elle va devoir sacrifier sa première semaine de reprise. -Pourquoi ne rentres-tu pas donc avec ton père, le week-end prochain ?, lui reproche Houria, qui avait suivi tout le manège de loin. -Je ne peux pas. On ne me laissera pas passer les frontières avec mon plâtre. -Comment feras-tu donc ? -Je crois que papa va me faire accompagner par quelqu'un. Ce n'est pas les émigrés qui manquent au village. Houria pousse un soupir : -Oui, bien sûr. Il a pensé à tout sauf à moi. Pauvre sotte que je suis. -Pourquoi dis-tu cela Ma Houria ? Sa marâtre lui pince le bras : -Ne fais pas l'idiote Meriem, je n'aime pas ça. -Mais je t'assure que... -Non. Ne m'assure rien. Ton père ne m'aime pas. Il me garde encore comme son épouse, parce qu'il a un enfant avec moi. Autrement dit, il m'aurait répudiée depuis fort longtemps. Meriem secoue la tête : -Non. Je t'assure que papa n'est pas aussi mauvais que ça. Il est juste ébranlé par les aléas de l'existence. (À suivre) Y. H.