Résumé : En France, Amar tentait tant bien que mal de survivre à ses peines. Meriem faisait son possible pour le soulager et mettre du baume sur ses plaies. Amar lui proposera de passer les vacances d'hiver au bled. Ce qui ne l'emballait pas trop. Sa seule consolation, c'était le bébé. Elle allait revoir son petit frère et le prendre dans ses bras. Comme il lui manquait ! Le grand jour arrive. Les bagages en main, Amar l'accompagne à l'aéroport. Meriem devrait prendre l'avion avec une famille de son village. Un couple et leurs deux enfants qui partaient, tout comme elle, pour deux semaines. Ce qui arrangeait fort bien son père, qui était rassuré maintenant sur son compte. Meriem était entre de bonnes mains, il n'avait aucun souci à se faire à son sujet. Hamou et Drifa ne la quitteront pas d'une semelle, jusqu'à son arrivée à la ferme. Le voyage se déroule dans de bonnes conditions. Le soir même, Meriem arrive au village. Houria, le front ceint d'un foulard, l'attendait au seuil de la maison. Sans trop d'entrain, elle se laisse embrasser et referme la porte derrière elle, en lui indiquant sa chambre : -Va déposer tes affaires là-bas et revient m'aider à préparer le dîner. Taos est rentrée chez elle pour le week-end, elle ne reviendra que dans deux jours. S'attendant un peu à l'accueil froid de sa marâtre, Meriem est tout de même déçue. Elle pensait que sa belle-mère ferait un effort pour enterrer la hache de guerre et lui permettre de passer ses deux semaines de vacances en paix. Il n'en sera rien. À peine arrivée, la voici déjà qui subissait son regard malveillant et ses sarcasmes. Elle entend Aïssa pleurer et se rue dans la chambre de Houria pour le prendre dans ses bras. Mais cette dernière arrive, et le lui arrache pratiquement des mains. -Ne t'avises plus à le toucher. Tu veux que la mort le fauche lui aussi ? Meriem baisse les yeux. Elle était au bord des larmes, mais se reprend : -Ma Houria, je ne souhaite aucun malheur à mon petit frère. Que Dieu le protège et lui accorde une longue vie. Mon père est si malheureux depuis son retour du bled que je ne suis pas tranquille de le savoir seul en France. -Alors pourquoi n'es-tu pas restée auprès de lui ? -Je voulais rester, mais il avait insisté pour que je vienne au village. Je dois repartir dans deux semaines. -Ça je le sais. Tu vas m'empoisonner la vie durant une quinzaine de jours. Je ne vois vraiment pas les raisons de ce voyage. -J'aimerais jouer un peu avec Aïssa. Houria serre le bébé contre elle. -Il n'en est pas question. Je te le répète : ne t'avise plus à le toucher ou à l'approcher. Aïssa souriait. Il avait quatre dents maintenant qui ornaient le devant de sa petite bouche, et était plus adorable que jamais. Meriem tend la main vers lui, mais Houria se lève d'un bond : -Tu ne comprends donc pas ? Laisse ton frère tranquille. Tiens-toi loin de lui, ou je ne vais plus me contrôler. Ses yeux jetaient des éclairs, et sa poitrine se soulevait dans un élan de haine qui se reflétait dans tout son être. Meriem prend peur. Vers qui pourrait-elle se tourner ? Elle ne connaissait pas grand monde dans ce village. Il y avait les oncles et les cousins de son père, mais Amar n'étaient pas en bons termes avec eux. Saïd et Malek, ses oncles maternels, étaient l'un en France et l'autre au Sud. Elle se sentait seule et désemparée. -À quoi penses-tu petite vipère ?, lance Houria d'une voix forte -À rien. Je vais t'aider à préparer le dîner. -Alors va dans la cuisine. Tu pourras éplucher les pommes de terre et les laver. Je vais donner le sein à Aïssa, puis je te rejoins. Meriem se rend dans la cuisine et se laisse tomber sur une chaise. Des larmes s'échappent de ses yeux. Son père avait vraiment mal fait de l'envoyer au bled pour passer ses vacances d'hiver. Elle aurait mieux fait de partir en voyage organisé avec les élèves de son école. Le lendemain, la neige qui était tombée durant la nuit couvrait toute la montagne. Le paysage était spectaculaire. Meriem demeure un long moment devant sa fenêtre à admirer le panorama pittoresque qui s'étendait devant elle. Elle aimerait bien sortir et faire un tour à travers les sentiers enneigés. Il faisait certes un froid de canard, mais elle s'habillera chaudement et chaussera ses bottes fourrées de laine. Sentant une présence derrière elle, elle se retourne pour se retrouver face à face avec sa belle-mère. - Que fais-tu le nez collé à cette fenêtre ? (À suivre) Y. H.