Tant que la traçabilité des produits alimentaires n'est pas établie, le marché national continuera à subir des fluctuations et des dysfonctionnements qui remettent en cause toute stratégie mise en œuvre dans le secteur du commerce. D'où la nécessité d'élargir l'application de l'utilisation de la facture dans la chaîne de distribution. Du producteur au détaillant, le circuit de commercialisation que suivent les denrées alimentaires doit être accompli, estime M. Mustapha Zebdi, président de l'Apoce (Association de protection des consommateurs) avec les documents justifiant ces transactions à savoir les factures ou les bons d'achat. Outre ce paramètre de traçabilité exigé pour lever toutes les irrégularités qui caractérisent le marché notamment la hausse des prix, M. Zebdi juge indispensable de plafonner les marges bénéficiaires des produits de première nécessité. Le président de l'Apoce estime que le consommateur algérien fait face à plusieurs secousses sociales. À commencer par la flambée des prix durant le mois de Ramadhan qui l'a contraint à ne pas s'offrir de nombreux aliments devenus inabordables. Cette inaccessibilité s'est propagée durant la deuxième dizaine du mois sacré pour cibler le marché de l'habillement, visé, lui aussi, par la frénésie des consommateurs en prévision de la fête de l'Aïd el-Fitr. D'année en année, les tarifs des vêtements surtout ceux des enfants deviennent inaccessibles. "Un phénomène accentué, ces dernières années, par la dépréciation continue du dinar", explique le Dr Zebdi. "Il est inadmissible que les prix de certains habits pour enfants concurrencent avec ceux des adultes ! Des tenues ou des ensembles pour des bambins de 2 ans sont affichés à 6 000 voire 7 000 DA", déplore-t-il. Pour les familles aux revenus modestes, souligne-t-il, acheter ces habits est désormais un luxe. Les parents auraient aimé voir leurs enfants habillés avec des "fringues" qui n'ont rien à envier à ceux mis par les gamins des familles aisées. Or, "Al ayne bassira wa Al yad qassira (on regarde, on admire mais on n'y peut rien faute de moyens) !", se résignent-t-ils. Ils se rabattent sur la friperie qui cache un tant soit peu leur incapacité à satisfaire les désidératas de leur progéniture notamment les jours de fête de l'Aïd... Pis, même cette salutaire alternative sur laquelle ils se rabattent, est frappée d'interdiction de la part des pouvoirs publics. Cette mesure qui vise en fait à booster l'industrie du textile nationale, sanctionne, malheureusement, les citoyens aux bas revenus. "Nous demandons, pour cela, la levée de cette décision jusqu'au jour où l'industrie du textile soit relancée et développée. Cela dit, le contrôle de ces importations du point de vue de l'hygiène, doit être rigoureux", souligne le Dr Zebdi. Une chose est certaine, le consommateur algérien n'est pas près de sortir de cette "spirale dépensière" d'autant plus que d'autres rendez-vous incontournables dont la rentrée scolaire et la fête de l'Aïd El Adha, l'attendent dans les quelques mois à venir. L'autre anomalie soulevée par le président de l'Apoce concerne la vente de jouets pour enfants sans que les normes européennes, adoptées depuis 17 ans par l'institut de normalisation (Ianor), ne soient appliquées. "Ces standards destinés à protéger davantage l'enfant, ne sont pas encore réglementés dans notre pays", constate-t-il. Pour lui, il n'existe aucun texte qui oblige l'importateur de ces jouets l'application de ces normes. B. K.