Résumé : Ayant confié ses craintes et son secret à Taos, Meriem se sentit un peu soulagée. Taos prend l'affaire en main, et un rendez-vous est pris chez la matrone du village afin qu'elle procède à un avortement. Hélas ! La chose ne semble pas aussi aisée qu'on le pensait. La vieille femme met une marmite pleine d'eau à chauffer sur le feu, puis fait boire à Meriem une décoction amère. Cette dernière fait la grimace en ingurgitant les gorgées âcres dont le goût remontait dans son gosier. Elle se sentit même sur le point de vomir mais se reprend et s'efforce d'avaler sa boisson jusqu'à la dernière goutte. Quelques minutes plus tard, elle sera prise de fortes douleurs. On dirait qu'on lui coupait les entrailles. Elle se met à pousser des cris mais la vieille Aldjia met une main sur sa bouche : -Arrête tes caprices, petite. Je connais bien cette douleur, c'est celle d'un accouchement. N'ameute donc pas tout le village. Meriem se mordit les lèvres. Les douleurs devenaient de plus en plus fortes. Taos lui entoure les épaules et passe la main sur son visage en sueur : -C'est bientôt fini. Un peu de courage ma pauvre fille. Soudain, elle sentit un liquide chaud sur ses jambes. C'était du sang. Elle faisait une hémorragie. La vieille Aldjia fronce les sourcils. D'habitude le sang venait après l'expulsion du fœtus. Elle prend une serviette et la trempe dans l'eau chaude, avant de la déposer sur le bas -)ventre de la jeune fille. Meriem n'avait plus ni la force de crier ni celle de repousser la vieille dame. L'hémorragie continuait. Horrifiée, Taos pousse un cri qui s'étrangle dans sa bouche : -Meriem est en train de mourir, Na Aldjia, elle perd son sang. Fais donc quelque chose. Un peu dépassée par la tournure des événement, la vieille se met à courir à travers la pièce à la recherche de quelques herbes miraculeuses. Mais elle n'arrivait plus à se concentrer. Jamais elle n'avait eu un tel cas sous la main. Elle savait que la grossesse était trop avancée, et n'aurait pas dû s'aventurer. Enfin, elle tombe sur une fiole qui contenait un liquide verdâtre. Elle en verse un peu dans sa main, et l'applique ensuite sur les parties intimes de sa patiente, avant de lui en faire ingurgiter quelques gouttes. Meriem s'évanouit. Lorsqu'elle reprend connaissance, il faisait nuit. Un feu était allumé dans la pièce, et une odeur de pain et de soupe flottait dans l'air. -Enfin tu reviens parmi nous ma petite chérie. Taos ne l'avait pas quittée d'une semelle : -J'ai eu la peur de ma vie ! Elle verse des larmes de soulagement avant de reprendre : -Comment te sens-tu, Meriem ? (À suivre) Y. H.