Résumé : Meriem a pu enfin se confier à Taos. Cette dernière comprend vite l'ampleur et la gravité de la situation. La jeune fille porte en elle le déshonneur de la famille, même si elle n'est pas la vraie coupable dans cette affaire. Houria est outrée par les sous-entendus de Taos. Taos s'écrie : -Meriem n'est encore qu'une enfant, Houria. Ne tentes pas de te déculpabiliser. C'est toi la première fautive dans ce qui lui est arrivé. -Tu ne cesses de le répéter Taos. Tu m'accuses à tort et à travers. Elle hausse encore les épaules : -Pour moi, c'est déjà de l'histoire ancienne. Aïssa s'est endormi. J'aimerais préparer une tisane. -À ta guise, lance Taos en se levant, et en faisant signe à Meriem de la suivre. Quelques jours passent. Maintenant qu'elle s'était confiée à Taos, Meriem se sentait un peu mieux. Elle s'était reposée, et partait pour de longues promenades à travers la montagne quotidiennement. Taos l'avait rassurée. Elle saura remettre les pendules à l'heure dans quelque temps. Elle s'était rendue chez une vieille matrone qu'elle connaissait bien, et lui avait demandé de faire quelque chose pour préserver l'honneur de la famille. Meriem devrait se débarrasser de son "fardeau" dans les plus brefs délais, et de préférence avant l'arrivée de son père. Pour cela, elle avait pris rendez-vous pour la fin de semaine. La vieille ne "travaillait" pas le vendredi, et pourra recevoir la jeune fille en toute discrétion. Taos prépare Meriem à l'ultime solution qui restait, et cette dernière approuve sa décision. Et surtout que Houria n'en sache rien jusqu'à nouvel ordre. La vieille matrone habitait un peu à l'écart du village. Elle avait un visage en parchemin, et ses mains tremblantes et saturées de veines saillantes n'étaient pas pour rassurer Meriem. Pourtant, son assurance ne pouvait la laisser indifférente. Elle lui demande à quel mois elle en était. Meriem fait un rapide calcul. Lors de son passage chez le médecin elle était environ à son deuxième mois. Plus de trois mois s'étaient écoulés depuis. Elle était donc au cinquième mois. La vieille enduit ses mains d'huile d'olive et lui demande de s'allonger sur une natte. Elle relève sa robe et lui palpe le ventre. -Ton ventre est dur et arrondi ma fille. Je pense que tu as dépassé le cinquième mois. Pourquoi as-tu tant tardé ? Meriem ne savait quoi répondre. Taos lance alors : -Elle ne le savait pas. Elle ne pouvait le savoir. Ce n'est encore qu'une enfant. -Hum... Une enfant qui a fait une grosse bêtise, réplique la vieille d'un air malicieux. -Oh non ! Non, ma bonne femme. Cette fille est passée par l'enfer. Elle n'aurait jamais pensé en arriver là un jour. Crois-moi. La vieille hoche la tête : -C'est ce qu'elles disent toutes. Tourne-toi sur le côté, lance-t-elle en s'adressant de nouveau à Meriem. La jeune fille s'exécute. La vieille passe une main sur ses reins cette fois-ci. Elle secoue la tête. -La grossesse n'est plus à l'état embryonnaire. Le fœtus commence à se développer. La partie ne sera pas facile. -Fais quelque chose Na Aldjia. Donne-lui par exemple une infusion ou quelque chose qui la débarrassera de cette honte. -Cela ne servira à rien. Ou peut-être provoquera une hémorragie qui lui sera fatale. Je vais tenter de la faire avorter, mais si cela ne marche pas, elle devra poursuivre sa grossesse jusqu'au bout. Taos porte une main à sa gorge. Elle imaginait déjà le pire pour Meriem. Au village, les gens seront sans pitié pour elle, et personne ne croira à l'histoire de son agression. Tout cela arrivait par la faute de Houria ! -Fais quelque chose pour nous, je t'en supplie Na Aldjia. Je te donnerai le prix que tu demanderas et même plus. -Ce n'est pas une question d'argent ma fille. Je ne vais tout de même pas la tuer. (À suivre) Y. H.