Résumé : Se rendant compte que la jeune femme était enceinte, le commerçant la "lâche" sur la grande route. Retrouvant ses esprits, la jeune femme monte dans un bus. Elle remarque que celle qui l'avait bousculée était une jeune femme, et se pousse un peu pour lui faire place. Ces bus de nos jours, une véritable torture. Elle dévisage la bohème et remarque ses vêtements mouillés et ses sandales en caoutchouc. -Tu travailles en ville ?, lui demande-t-elle, sa curiosité piquée à vif. -Oui. -Où ça ? Dans une usine ? -Oui. -Et pourquoi tires-tu comme ça sur tes vêtements ? La jeune femme laisse entrevoir son ventre et sa compagne sourit : -Ah je comprends. Tu te protèges. Tu as raison. Viens par là donc, lui lance-t-elle en lui cédant davantage d'espace. Le receveur venait justement de passer devant elles et la bonne femme s'écarte, tandis que la bohême faisait mine de chercher dans les poches de son manteau. -Non, laisse, je vais payer ton ticket et le mien en même temps. D'ailleurs, je n'ai pas de monnaie, autant donc payer pour deux. "Quelle chance, se dit la Bohème, c'est toujours ça de gagné !" Elle descendit à la première station du centre-ville et se sentit tout de suite dépaysée. Elle gagne le trottoir le plus proche et se met à arpenter une ruelle. Son dos lui faisait très mal, et ses jambes devenaient de plus en plus lourdes. La grande ville. Elle y est finalement. La foule marchait indifférente. "Une chose est certaine, conclut-elle : tout le monde est pressé." Elle s'arrête au seuil du premier immeuble qu'elle rencontre sur son chemin et pénètre dans le hall où elle s'affale sur la première marche d'escalier. Elle était essoufflée, et ses vêtements mouillés collaient à son corps. Elle s'adosse au mur et se met à contempler les lieux. Un véritable havre de paix, se dit-elle. La cage d'escalier était propre, et un silence des plus sacrés y régnait. Encore ce dos qui lui faisait mal. Elle se lève et se met à marcher de long en large, son ventre en avant. Désormais, elle n'avait plus de raison de cacher son état. Ici dans cette grande ville, elle passera inaperçue, personne ne la connaissait. Mais elle dû vite battre en retraite et rabattre le pan de son manteau sur sa robe. Quelqu'un descendait les escaliers. Elle voulut se lever et s'enfuir, mais se dit qu'elle n'en aura pas le temps. Une nouvelle crampe lui fera sentir encore sa faim. Elle se rassoit et s'appuie à la balustrade. Une vieille femme descendait les dernières marches du premier étage, un sac-poubelle à la main. Elle la regarde curieusement un moment, puis poursuit soin chemin, et alla déposer le sac noir au bord du trottoir puis revient, s'arrête à son niveau et la contemple un moment avant de lancer : -Mais tu es toute mouillée, ma fille. D'où viens-tu ? La jeune femme, ne sachant quoi répondre, garde le silence. -Je vois. Tu n'es pas d'ici. Tu attends quelqu'un ? Elle hoche la tête en signe de négation. -Non ? Alors tu t'es abritée de la pluie. C'est ça ? Lève-toi donc de cette marche glacée. (À suivre) Y. H.