Résumé : Une vieille femme accueille la bohème chez elle. Elle lui propose un repas et des vêtements chauds. La bohème ne sait pas à quelle stade est sa grossesse. Voyons, la devance la vieille femme, tu dois être au même stade que ma belle-fille. Dans ce cas, cette robe ne t'irait pas. Attends un peu, je dois avoir autre chose là-dedans. Elle se remet à fouiner dans le placard. - Tiens, j'ai ça, une chemise de nuit en laine. Elle peut servir comme robe de grossesse. En tout cas elle est bien plus chaude que cette robe en loques que tu portes. Vas te changer et reviens manger. La bohème se dirige vers la salle de bains où elle se débarrasse de ses vieux vêtements et se permet un brin de toilette. Elle grelottait. Le froid avait fait soin œuvre et elle sentit sa peau rougir sous ses doigts. Vite, elle enfile la chemise de nuit de la vieille dame bien plus chaude. Elle lui arrivait aux chevilles ce qui l'arrangeait. La jeune femme se contemple un moment dans la glace. Oui, cela ira. Cette chemise épaisse et assez longue la couvre bien, elle n'aura qu'à ajouter le petit gilet dessus. Elle relève ses cheveux et les retiens en queue de cheval avec son foulard. Ainsi, plus propre et mieux habillée, elle passerait plus facilement pour une fille de la ville, se dit-elle. Elle revient dans la cuisine où l'attendait un bon bol de lait chaud et une soupe. - Je vois que ma vieille chemise de nuit te va bien. À la voir ainsi sur toi elle te fait une belle robe de grossesse. Mais tu es très belle, ma fille, avec tes cheveux noirs relevés et tes yeux clairs. Hum…mm… un beau brin de fille. La bohème, trop heureuse de pouvoir arrêter les entortillements de son estomac, ne répond pas. Elle avale d'une seule traite son verre de lait chaud puis s'attaque au reste. La soupe sentait bon et La tourte était succulente. Rassasiée enfin, elle s'étire sur sa chaise. La vieille dame sourit. - Cela va mieux, hein ? Excuse-moi, mais je n'ai pas encore fini ma soupe. Je n'ai pas tes dents moi… La bohème sourit. Cela faisait longtemps qu'elle ne souriait plus, mais aujourd'hui elle avait envie de sourire. Personne ne s'occupait plus d'elle depuis longtemps. Cette fois, il faut l'avouer, elle a eu beaucoup de chance de tomber sur cette brave femme qui lui a donné des vêtements chauds et mis fin au calvaire de son estomac affamé. Les tiraillements de son dos ne lui laissaient pas de répit. Sous sa chemise de nuit, elle constate que son ventre prenait de nouvelles proportions. Cela est vrai, elle doit être largement au septième mois. - Ton mari travaille en ville ? demande la bonne femme en mâchant doucement son pain. La bohème rougit. Elle ne s'attendait pas à cette question. Elle baisse la tête et se met à chercher une réponse correcte pour ne pas choquer sa bienfaitrice. - Alors, il travaille ton mari ou bien c'est quelqu'un d'autre qui travaille pour vous. Par les temps qui courent cela ne m'étonnerait point et dans ton état, ma fille, tu n'aurais jamais dû te marier sans assurer ton avenir. Un mari qui ne travaille pas n'est qu'un lot de misères. La bohème la regarde et la vieille femme scrutant son visage n'eut aucun mal à deviner. - Tu n'es pas mariée ? La jeune femme baisse les yeux et regarde son ventre. La vieille femme porte la main à sa bouche et s'exclame. - Malheureuse ! Malheureuse ! s'écrie la brave femme en se levant, pourquoi as-tu fait ça ? Mon Dieu ! Y. H. (À suivre)