Députés, organisations et courants estudiantins des partis de l'opposition libanaise organisent, aujourd'hui à Beyrouth, une mégamanifestation sur le lieu de l'assassinat de Hariri pour souligner leur volonté de voir se poursuivre les efforts de l'ex-chef de gouvernement pour un “Liban démocratique, souverain et indépendant”. Le ministre de la Défense, Abdel Rahim Mrad, rappelant la nécessité d'une autorisation pour la manifestation, a indiqué qu'il ne faut permettre aucune atteinte à la sécurité ! Les autorités de Beyrouth redoutent un remake des révolutions ukrainienne et géorgienne qui, par un processus d'occupation non-stop de la voie publique, ont fini par se doter de dirigeants populaires et crédibles. L'idée semble avoir emballé puisque le centre de Beyrouth ne désemplit plus. Depuis l'enterrement de Hariri, des milliers de personnes, arborant comme jamais le drapeau libanais, se relaient pour scander des slogans contre Damas et “ses alliés” au pouvoir au Liban, exigeant que toute la lumière soit faite sur l'assassinat de Hariri. Le soir, le cœur de la capitale du pays des Cèdres est illuminé par des milliers de cierges. Les proches de Hariri se relaient avec les figures emblématiques de l'opposition, le chef druze, Walid Joumblatt, les chefs maronites, les porte-parole de la communauté chrétienne, les cheikhs sunnites, quelques chiites et le numéro un de la gauche laïque, Elias Atalah, lesquels, en prévision des toute prochaines législatives, déclarent ensemble ne plus vouloir de Parlement qui fasse le “portier” de la Syrie. Hariri, fait-on savoir, avait justement réussi à fédérer derrière lui l'ensemble de l'opposition, y compris les ultras de la droite chrétienne. L'ancien premier ministre était donné d'autant plus gagnant qu'il avait su pointer, avec diplomatie, l'occupation syrienne, exigeant l'application de la résolution onusienne sur le retrait des 14 000 soldats de Damas. L'opposition, qui appelle aujourd'hui à un soulèvement pacifique, ne ménage ni le président Emile Lahoud ni le chef de son gouvernement Omar Karamé, accusés de “marionnettes” des autorités de Damas. Le gouvernement semble, de son côté, ne pas céder à la panique, demandant même des explications aux Nations unies après la nomination d'un Irlandais pour diriger sa commission d'enquête sur l'assassinat Hariri, n'arrêtant pas de brocarder le président français pour son flagrant parti pris. De fait, plus des trois quarts des Libanais sont pour le retrait syrien, selon un sondage réalisé par Al-Jazira. La communauté internationale, elle, n'arrête pas d'accentuer ses pressions sur la Syrie. Jusqu'ici, les forces de l'ordre restent discrètement déployées et les soldats syriens consignés dans leurs casernes, notamment dans la Bekaa. D. B.