Réunie vendredi soir, l'opposition libanaise a annoncé l'“insurrection pour l'indépendance” et a réclamé un “gouvernement de transition” pour superviser le retrait syrien. “La formation d'un gouvernement transitoire est une nécessité nationale absolue et sa tâche est d'assurer un retrait immédiat et total de l'armée syrienne, en préambule à la tenue d'élections législatives libres et honnêtes”, a déclaré un membre du Comité de suivi de l'opposition, Samir Frangié. Cependant, le communiqué a été rendu public au domicile du député et chef druze, Walid Joumblatt, principale figure de l'opposition, absent, “pour des raisons de sécurité”, de la réunion, qui a eu lieu dans un grand hôtel proche de Beyrouth. Les députés de l'opposition, qui occupent le tiers des 128 sièges du Parlement, ont, en outre, décidé de ne plus participer aux travaux ordinaires de l'Assemblée “avant la tenue d'une séance plénière destinée à débattre de la série d'assassinats”, indique le ommuniqué. En revanche, les membres de l'opposition ont souligné leur “refus de considérer l'assassinat de Hariri comme un crime banal et de reprendre une vie politique normale”, et décidé, par ailleurs, la “suspension de tout débat politique ou juridique avant que la vérité se fasse”. Ils ont également exprimé leur “attachement à une commission internationale d'enquête, supervisée par les Nations unies, sur l'assassinat de Rafik Hariri”, conformément au souhait du Conseil de sécurité de l'ONU. L'opposition a appelé, par ailleurs, l'Onu à “protéger le peuple libanais, prisonnier et menacé du terrorisme de l'Etat” et s'est engagée, auprès de lui, à ne pas changer de position, même si les attentats se poursuivent et se multiplient contre ses membres. Elle a également invité à poursuivre ses manifestations et sit-in à Beyrouth, où a été inhumé, mercredi dernier, Rafik Hariri et où des milliers de personnes défilent jour et nuit, jusqu'à ce que les criminels soient punis. L'attitude de l'opposition libanaise a suscité la réaction du gouvernement libanais qui a averti l'opposition. “Désormais, l'Etat ne restera plus les bras croisés, en cas de troubles publics, sous prétexte de soulèvement pour l'indépendance”, a déclaré Soleïman Frangié, ministre de l'Intérieur. Par ailleurs, le Premier ministre, Omar Karamé, a qualifié l'attitude de l'opposition de “projet de coup d'Etat contre le pouvoir”. Il a justifié, en outre, la présence de l'armée syrienne au Liban, réaffirmant la volonté du gouvernement de “dialoguer” avec l'opposition. “L'armée syrienne (au Liban) compte actuellement 14 000 hommes. Ca ne change rien à la situation”, a-t-il dit, en ajoutant : “La Syrie dit, elle-même, qu'elle ne va pas rester indéfiniment ici.” M. Karamé a estimé qu'il fallait discuter d'un départ des troupes syriennes “sans esprit de défi”, et conformément aux accords de Taëf, qui avaient fixé, en 1989, les modalités d'un retrait par étapes de l'armée syrienne. Pour sa part, le ministre de la Défense libanais, Abdel Rahim Mrad, a accusé, hier, le président français, Jacques Chirac, d'encourager l'opposition à “l'escalade”. N. A./Agences