Résumé : Amar repart seul en France, et Meriem se sentit plus que jamais seule. Son ventre s'arrondissait et devenait proéminent. Taos l'exhorte à manger, mais elle repense à son père. Va-t-elle supporter son absence ? Elle devra attendre jusqu'à son accouchement pour le rejoindre, et cette idée lui noue la gorge. Taos fronce les sourcils et s'écrie. -Ce n'est pas sérieux Meriem ! Tu dois manger pour deux. Pense un peu au bébé qui est dans ton ventre. Elle hausse les épaules : -Qu'il crève, et qu'on n'en parle plus. Je pourrai alors rejoindre papa à Paris et reprendre mes études. -Voyons ma fille, tu ne vas tout de même pas entamer une grève de la faim ! -Au point où j'en suis, pourquoi pas. Cela réglera sûrement un tas d'aléas. -Tu ne vas pas me faire ça Meriem ! Si quelque chose t'arrive, ton père nous tuera tous, sans exception. -Pauvre papa !, lance Meriem, en pleurant de plus belle. Pauvre papa ! S'il savait dans quels draps je me suis empêtrée, il me renierait à vie. Taos la prend dans ses bras et se met à la bercer comme un bébé. -Allons ma pauvre petite, ton père ne sautera sûrement pas de joie en apprenant la réalité, mais je suis certaine qu'il ne va jamais te renier. Quoi qu'il arrive, tu es sa fille chérie et il t'aime plus que la prunelle de ses yeux. -C'est pour cela justement que je voulais lui éviter le pire. S'il apprend ce qui m'est arrivé, Dieu seul sait comment il va réagir. Taos continue à la bercer en lui essuyant les yeux : -Je reconnais que tu es en train de vivre des moments très délicats et trop durs pour ton jeune âge, mais que veux-tu ? Nous devrions plutôt penser à l'avenir. Demain si tu veux, nous irons passer la journée dans ma maison sur les hauteurs de la montagne. Cela te changera et tu verras que le grand air te fera énormément de bien. J'espère que tu n'es pas trop "encombrée" pour marcher cinq ou six kilomètres de pentes escarpées. Meriem se relève et ajuste sa robe sur elle. Sa masse ventrale l'effraie, mais elle se rappelle qu'elle pouvait marcher dans des chaussures plates. D'ailleurs, ses jambes enflées ne lui permettaient plus de porter des souliers à talons. -D'accord Taos, je t'accompagnerai chez toi. Les garçons sont là. Comment... -Ne t'inquiète pas. Ils sont au courant . -Hein ? Ils sont au courant de mon état ! -Bien sûr. Hakim ne te quitte pratiquement pas. Il a remarqué ta démarche et les rondeurs de ton corps et m'a posé la question. J'ai dû passer sous le joug et cracher le morceau. Meriem porte la main à sa bouche : -Je... Quelle honte ! Hakim va me détester à coup sûr. -Te détester ? Taos secoue la tête. -C'est plutôt le contraire. Hakim est fou amoureux de toi. Lorsque tu n'es pas là, il refuse de revenir au village les week-ends et les jours où il n'a pas cours. Il ne cesse de me répéter que la vie au village, sans ta présence, n'a aucun attrait. J'ai alors compris qu'il nourrissait de profonds sentiments à ton égard. Meriem laisse couler ses larmes. Elle aussi avait un faible pour Hakim. Le garçon était tellement gentil, tellement attentionné avec elle, qu'elle ne sait plus comment affronter son regard inquisiteur, maintenant qu'il connaît les raison de sa présence au village. Taos lui tapote la joue : -Hakim a pitié de toi, mais ne veut pas le montrer. Il a même fait une scène à Houria, et lui a reproché sa négligence et son refus de déposer plainte au moment requis. Il pense que si on avait débusqué l'agresseur, les choses n'en seraient peut-être pas là. Meriem soupire . -Même dans ce cas, qu'aurait-on pu faire ? -Peut-être pas réparer les pots cassés, mais il aurait au moins payé pour ses crimes. Ce qui t'aurait soulagée quelque peu. Mais à mieux voir les choses, Houria avait peut-être raison. Si on avait mis la main sur ton agresseur, tout le village aurait été au courant de toute l'affaire et ton père l'aurait su. Je donne ma langue au chat pour la suite. (À suivre) Y. H.