Même s'il a perdu sur le plan stratégique, l'islamisme et son corollaire le terrorisme demeurent une menace permanente sur le monde dans sa globalité. En témoigne l'attentat qui, de nouveau, vient d'endeuiller la France. Le Mouvement démocratique et social (MDS), un des partis politiques qui a été à l'avant-garde de la lutte contre le terrorisme en Algérie durant les années 1990, a réitéré, hier, sa proposition de l'institution d'un tribunal international du terrorisme islamiste, un véritable Nuremberg de l'islamisme. "Il faut s'attaquer à sa matrice idéologique", a affirmé, hier, à Alger, lors d'une conférence de presse, le coordonnateur du parti, Hamid Farhi. Selon lui, les pouvoirs refusent de regarder le phénomène de l'islamisme dans sa globalité. Et son règlement passe aussi par la résolution du conflit israélo-palestinien. Pour avoir payé un lourd tribut, l'Algérie, qui a réussi à contenir la déferlante islamiste durant les années 1990 grâce à la mobilisation des Patriotes, n'est pas pour autant à l'abri des menaces, met en garde Hamid Farhi. "Les forces démocratiques sont appelées à reprendre le combat à leur compte." Au chapitre politique, à contre-courant d'une certaine idée véhiculée par quelques partis politiques et autres segments de la société, le MDS considère que le discours sur la menace du chaos a pour effet de maintenir le statu quo. "C'est la peur du chaos qui provoque le statu quo et le pouvoir joue sur la peur", estime, de son côté, Yacine Teguia. Et contrairement à ceux qui attribuent une espèce de résignation à la société, le parti cher au défunt Hachemi Chérif dont on célébrera bientôt l'anniversaire de la disparition, soutient qu'"il existe au sein de la société des forces déterminées à récupérer les institutions". "Il n'y a pas d'autres pays qui comptabilisent autant de grèves et d'émeutes par an", relève Hamid Farhi. Reste que la jonction entre les partis et la société n'est pas aisée au regard des multiples entraves que le pouvoir dresse devant l'exercice politique. Dernier fait en date, l'adoption de la loi portant sur le régime électoral et qui impose aux partis n'ayant pas participé aux dernières élections de collecter les signatures au profit de leurs éventuels candidats. Des cadres du MDS retenus dans le commissariat de Ghardaïa pendant près de 8 heures Mais pas seulement : il y a aussi les harcèlements et autres entraves qui visent les militants politiques. Partis, mercredi dernier, apporter leur soutien à l'avocat Me Dabouze, président d'une aile de la Laddh, qui risquait une mise sous mandat de dépôt et désormais sous contrôle judiciaire, Hamid Ferhi, Fethi Ghares, porte-parole du mouvement, ainsi que quatre animateurs de la société civile ont été interpellés avec "brutalité" alors qu'ils étaient attablés dans une cafétéria. "On a pris des photos dans une cafétéria avec des pancartes, une dizaine de policiers (BRI) est venue nous interpeller vers 10h45 pour nous emmener au commissariat où on est restés jusqu'à 18h", a raconté Hamid Farhi. Ils ont été relâchés après de longues heures durant lesquelles ils se sont vu interdire de communiquer et d'informer à propos du lieu où ils étaient retenus, selon le parti. "On est partis soutenir Me Dabouze, mais aussi essayer de comprendre la situation à Ghardaïa et interpeller le premier magistrat du pays pour libérer les détenus d'opinion". "Si pour se redéployer sur le terrain, on va subir la même chose, cela veut dire qu'il n'y a pas de volonté pour laisser les partis politiques activer normalement et participer éventuellement", ironise-t-il. Mais qu'advienne, le MDS, qui dénonce la nouvelle loi électorale, se prépare dès maintenant en perspective des prochaines législatives à travers le laborieux travail de collecte des signatures. "Mais on réserve la réponse de la participation ou non à la veille de l'échéance", conclut Farhi. Karim K.