RESUME : Karima se presse de partir après s'être expliquée avec sa mère. Elle n'a pas voulu tarder, craignant que ses frères se réveillent. Elle a la rage au cœur. Tout en se rendant à la gare, elle tente de joindre Yanis… Les taxis sont déjà partis et elle se voit forcée de se rendre à Bouira par bus. Elle tentera plusieurs fois de joindre Yanis, mais il a dû garder son portable fermé ou il est, peut-être, dans une zone sans couverture. Alors que le chauffeur s'engage dans la route nationale, elle s'efforce de respirer calmement. À quoi bon s'angoisser et s'énerver ? Yanis allait l'appeler d'un instant à l'autre. Ils vont se retrouver et passer la plus belle journée de leur vie. Elle en est persuadée, même si elle sent son estomac noué. D'appréhension ? De peur ? Elle l'ignore, après le mauvais rêve, il lui a fallu convaincre son grand-père, puis sa mère. Ce soir, quand elle rentrera, il lui faudra s'expliquer avec ses frères. Elle allait passer un mauvais quart d'heure. Déjà, elle pense à ce qu'elle donnera comme explication. Mais pour l'instant, elle n'a aucune idée à avancer. En se rendant à ce rendez-vous, elle prenait le risque de perdre la confiance de sa famille, mais Yanis méritait qu'elle coure le risque. Cela fait des semaines qu'ils ne se sont pas vus et Karima a l'impression qu'uneéternité est passée depuis. Certes, ils s'appellent souvent et ils s'écrivent… quand c'est possible. Mais depuis qu'elle ne travaille plus, ils ne se connectent plus sur la messagerie instantanée. Ils ont ouvert une boîte aux lettres commune et se laissent des messages. Le dernier qu'elle a reçu datait de trois jours. Elle n'a pas pu le lire tout de suite car elle n'a pas pu sortir en début de semaine. Elle avait toujours quelque chose à faire à la maison. Et pour avoir une bonne excuse pour sortir, en l'absence de ses frères, elle n'a pas eu d'autres solutions que d'appeler son amie Djaouida pour lui demander de passer la prendre. Le prétexte, un essayage chez la couturière. Bien entendu, elles ne s'y sont pas rendues. Elles se sont séparées une fois hors du quartier. Karima était vite entrée dans un cybercafé et y avait passé près d'une heure, attendant que Yanis se connecte. Hier encore, elle n'avait pas pu lui parler au téléphone. - Mais pourquoi as-tu éteint ton téléphone ? se demande-t-elle, à bout de nerfs après une vaine tentative de l'accrocher. Où es-tu ? L'idée qu'il puisse y avoir un imprévu lui traversa l'esprit. Aurait-elle dû l'appeler avant ? Elle compose une nouvelle fois le numéro et maudit l'opératrice comme si elle était responsable de l'échec. - Pourquoi n'appelles-tu pas ? - Pardon ? Perdue dans ses pensées, Karima n'a pas vu qu'une dame s'était assise près d'elle. Elle a un sourire désolé et s'excuse. - Vous allez me prendre pour une folle. Je parlais à moi-même, répond-elle. - Cela m'arrive à moi aussi, lui dit l'inconnue. Quand j'ai des soucis ou quand je suis énervée. Vous l'êtes ? Karima hoche la tête. - Alors, vous commencez mal la journée. Prenez les choses du bon côté. Tout ira mieux. - Inch'Allah, soupire la jeune fille avant de se mettre à contempler le paysage, pour mettre fin à la discussion. Quand son portable se met à sonner, elle prie pour que ce ne soit pas sa mère qui l'appelle pour lui demander de rentrer ou de se situer pour que ses frères puissent la rejoindre. - Enfin, c'est toi, murmure-t-elle, heureuse de lire le numéro de Yanis sur l'écran de son portable. Tu ne m'as pas oubliée ! (A suivre) A. K. [email protected]