Dans un discours prononcé, hier après-midi, à Bruxelles, le président américain, qui fait les yeux doux l'Union européenne, a encore usé de menaces à peine voilées à l'endroit de Damas et de Téhéran. En abordant les questions internationales dans son intervention, le patron de la maison-Blanche a d'emblée mis la pression sur le régime de Bachar Al Assad à travers une sévère mise en garde. Il a appelé la Syrie “à mettre fin à son occupation du Liban” et à cesser de “soutenir le terrorisme”. Il s'agit là d'une nouvelle menace en direction de Damas, qui n'avait pas été ménagée lors du discours sur l'état de l'union. Conforté par ce rapprochement avec le Vieux continent, George Bush semble prompt à assumer avec beaucoup de vigueur son rôle de “gendarme du monde”, à voir ses injonctions à tous les régimes récalcitrants de suivre ses “conseils”. Par pure coïncidence ou calcul, le chef de l'Etat syrien a affirmé, hier, au secrétaire général de la ligue arabe son intention de poursuivre le retrait de ses troupes du Liban conformément aux accords de Taef, signés en 1989. C'est du moins ce qu'a déclaré Amr Moussa, hier, à l'issue de l'entrevue que lui a accordée Al Assad, précisant que “des mesures dans ce sens vont être prises prochainement”, du côté syrien. Passant au dossier du nucléaire iranien, Bush a clairement dit que Téhéran “doit arrêter de soutenir le terrorisme et ne doit pas développer d'armes nucléaires”. N'excluant aucune hypothèse, il s'est limité à préciser que, pour l'instant, “nous en sommes au premier stade de la diplomatie”. Il laisse le soin aux Européens d'user de diplomatie avec le régime des mollahs, qu'il a sommé d'opérer des réformes démocratiques dans le cadre du “mouvement vers la liberté” qui se met en place dans la région. Moscou n'a pas été ménagée par le président US qui a incité la Russie à “réaffirmer son engagement en faveur de la démocratie et de l'Etat de droit”. Il n'a pas manqué d'embarquer toute l'Europe dans cette démarche vis-à-vis du régime de Vladimir Poutine en affirmant que “les Etats-Unis et tous les pays européens devraient placer les réformes démocratiques au cœur de leur dialogue avec la Russie”. Les rapports qu'entretiennent les Russes sont loin d'être du goût de George Bush. Reste à savoir quelle sera la réponse de Poutine lors de la rencontre entre les deux hommes, programmée pour jeudi en Slovaquie, dans le cadre de cette tournée européenne du locataire du bureau Ovale. Le conflit du Proche-Orient semble occuper une place importante dans la nouvelle stratégie américaine. Il est devenu “le but immédiat” des Etats-Unis et de l'Europe, selon Bush. “Notre meilleure opportunité et notre but immédiat, c'est la paix au Proche-Orient”, a-t-il notamment déclaré avant d'ajouter : “Nous sommes déterminés à ce que deux Etats, Israël et la Palestine, vivent côte à côte en paix et dans la sécurité.” Il est allé jusqu'à dire que “la sécurité de nos pays et l'avenir du Moyen-Orient sont étroitement liés.” Pour le maître de la Maison-Blanche, “le monde ne doit pas se reposer tant qu'il n'y aura pas de solution juste et durable de ce conflit”. Un “Etat palestinien viable” sera pour lui un facteur pour faire progresser la cause de la démocratie dans la région, particulièrement en Egypte et en Arabie Saoudite, deux pays qu'il a cités nommément. L'Europe constitue désormais son appui essentiel pour mener à bien toutes ses missions. Ainsi, il a balayé du revers de la main toutes les vieilles querelles nées suite à sa décision d'envahir l'Irak qui n'étaient, d'après lui, que “des désaccords passagers” ne pouvant durablement mettre à mal les liens transatlantiques. “Aucun pouvoir sur terre ne nous divisera jamais”, a lancé le président américain à ses interlocuteurs, avant de poursuivre que “les Etats-Unis et l'Europe réaffirment leur grande alliance pour la liberté”. K. A.