Louisa Hanoune craint que les nouvelles orientations économiques et sociales du pays ne favorisent le retour du terrorisme. Devant un parterre de jeunes femmes et de jeunes hommes venus de différentes wilayas du pays, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) donne le la : "Vous êtes directement concernés, c'est votre avenir qui est en jeu, et vous ne pouvez pas accepter ce qui se passe dans le pays." C'est par ces propos que Louisa Hanoune ouvrait, hier, à Alger, les travaux de la coordination nationale de l'Organisation des jeunes pour la révolution (OJR), en perspective d'un prochain congrès. Par "ce qui se passe dans le pays", la conférencière entend, notamment, "les nouvelles orientations économiques et sociales", mais aussi "les récentes atteintes aux libertés individuelles et collectives". Des politiques qu'elle juge "radicales", au point qu'elle dit "ne plus reconnaître l'Algérie de juillet 2016 de celle d'avant avril 2014". Là, Louisa Hanoune fait allusion à l'accélération des événements depuis qu'Abdelaziz Bouteflika a brigué un quatrième mandat pour présider aux destinées de l'Algérie. Elle ne lésine pas d'ailleurs sur les mots pour donner son sentiment véritable : "La politique de gouvernance actuelle est un terreau pour le terrorisme." Le propos sonne fort et grave, et la première dame du PT ne comprend pas, justement, comment l'Union africaine (UA) a décerné "le Prix des prix" des droits de l'Homme, en particulier les droits de la femme, à l'Algérie, lundi dernier, lors du Sommet africain tenu à Kigali, au Rwanda. "De quelle promotion des droits de la femme parle-t-on puisqu'une femme artiste et cadre au ministère de la Culture, Nora Nedjaï, croupissait en prison au moment où l'Algérie célébrait le 54e anniversaire de son indépendance, pour avoir délivré une autorisation pour une émission TV satirique ? De quelle promotion des droits de l'Homme parle-t-on alors que le pouvoir exécutif fait pression sur la justice, les officiers supérieurs de l'armée sont criminalisés et interdits de parole, des lois antidémocratiques sont adoptées avec violence à l'Assemblée et le droit à la grève et aux rassemblements sont empêchés... ?" s'interroge-t-elle. Louisa Hanoune ne comprend pas aussi comment la même Union africaine a pu décerner, par la même occasion, "le Prix du développement social" à l'Algérie, alors que "les récentes mesures prises par le gouvernement remettent en cause les acquis sociaux des Algériens". Elle s'interroge de nouveau : "Dans quelle case devrions-nous mettre les instructions données pour le non-remplacement des départs à la retraite, le gel du recrutement dans le secteur public, l'encouragement du départ volontaire, le renoncement de l'Etat à financer les APC et les wilayas, le gel de 5 000 projets dans les communes, la loi de finances 2016 et le code de l'investissement qui travaillent l'intérêt d'une minorité au détriment de la majorité... ? Est-ce cela le développement social ?" Bien au contraire, la SG du PT appelle cela "le renoncement de l'Etat à son rôle social". Et ce n'est pas un hasard si elle relève, ces derniers temps, "un retour inquiétant du phénomène des harragas", mais aussi "une prolifération et une consommation inédites de la drogue". À ces deux phénomènes, expressions du désespoir, Louisa Hanoune craint que ne vienne s'ajouter "le retour du terrorisme". Autant de raisons qui poussent la secrétaire générale du PT à renouveler son appel en direction de la jeunesse, particulièrement les étudiants, pour "s'organiser" et "faire barrage" à "ces dérives meurtrières" pour la nation. Et pour bien se faire comprendre, elle conclut avec cette mise en garde à peine voilée au pouvoir : "La jeunesse est, comme la classe laborieuse, révolutionnaire par essence." Mehdi Mehenni