Résumé : Meriem est surprise par la demande en mariage de Hakim. Ce dernier voulait l'épouser, alors qu'elle avait d'autres projets en tête... Le jeune homme ne s'arrête pas là. Il va jusqu'à lui demander si elle n'avait pas un soupirant. Offusquée, la jeune fille trouvera les mots qu'il faut pour lui répondre... Meriem soupire : -Le sujet est trop sérieux, Hakim... Le mariage n'est pas un jeu d'enfant. Nous sommes encore trop jeunes pour nous lancer dans une telle aventure... Il acquiesce : -Tu as raison... Je suis le seul à blâmer... Il faut dire aussi que je suis aveuglé par mes sentiments. Elle met une main sur son bras : -Rentrons, veux-tu ? Je suis sûre que ta mère a dû nous concocter un succulent dîner. Nous allons y faire honneur et fermer cette "parenthèse" entre nous... Une semaine passe... Amar arrive... Il est heureux de revoir le village et les siens. Houria tente encore de se faire accepter par son mari, mais il affiche son habituelle indifférence à son égard et se contente de faire de longues promenades avec Aïssa, et parfois avec Meriem pour rendre visite à quelques parents qui habitaient des villages voisins... Les affaires fructifiaient et comme chaque fois qu'il est au village, on vient solliciter sa contribution pour la réalisation de quelques projets, comme la construction d'une mosquée, d'une école, le forage d'un puits ou pour baliser un sentier abrupt... Amar ne refusait jamais de mettre la main à la poche pour aider les villageois dans le besoin. Souvent, c'est avec son fils Aïssa qu'il se rendait dans ces familles qui n'osaient pas tendre la main car leur fierté était plus grande que leur faim. Amar voulait démontrer à son rejeton que les vrais nécessiteux n'étaient pas ceux qui mendiaient, mais plutôt ceux qui supportaient leurs souffrances sans jamais se plaindre. Il voulait que Aïssa apprenne autant qu'il le pouvait les rudiments de l'existence... Un fils doit imiter son père en tout point... Pour cela, il devrait le seconder dans toutes ses prérogatives. Aïssa approuvait son paternel. Depuis qu'il vivait auprès de lui en France, il avait appris à mieux le connaître et découvrait chaque jour en lui des qualités qu'il ne soupçonnait même pas... Il en était d'ailleurs très fier et ne cessait de le démontrer, chose qui emplissait d'aise Amar. Aïssa était aussi très attaché à Meriem qu'il appelait parfois "ma petite mère"... Elle était tellement affectueuse et tellement empressée à répondre à tous ses besoins, qu'il oubliait qu'il se trouvait loin de Houria sa propre mère... Cette dernière, jalouse d'avoir été détrônée par sa belle-fille, reprochait à son fils sa négligence... Elle était restée au village, et il devrait penser à lui écrire régulièrement et à lui donner de ses nouvelles, au lieu de se contenter de lui envoyer des bonjours ou des petits cadeaux avec des émigrés de passage... Encore mieux, elle insinuait à chaque occasion que c'était à lui d'insister auprès de Amar, son père, pour la ramener en France, où elle pourra vivre avec le reste de la famille au lieu de se morfondre dans ce village perdu... Aïssa, qui n'était pas tout à fait un adolescent, ne comprenait absolument rien à ce langage, qui le dépassait... Il concevait le refus de son père à ramener Houria à Paris, car il commençait à bien connaître sa mère et sa langue de vipère. Il avait questionné Meriem à ce sujet, mais elle s'était contentée de lui donner des réponse évasives. Seulement Aïssa était trop intelligent et comprenait à demi-mot... Il avait surpris aussi quelques bribes de conversation entre Taos et son père, qui parlait avec chaleur de Aïcha sa première femme et affichait un sincère regret quant à son mariage avec Houria... Le garçon aurait aimé voir son père plus heureux... Sa générosité n'avait d'égale que son grand cœur et il était un homme de parole que tous les villageois respectaient, allant jusqu'à le vénérer. -A quoi penses-tu ? Il sursaute... Meriem était au seuil de sa chambre et le regardait. Il relève la tête et lui sourit : -Oh, à rien... Je me disais qu'il faisait trop beau dehors pour se cloîtrer à la maison... -Alors, qu'attends-tu pour sortir ? -Je m'y apprêtais justement...Où est passé papa ? -Aux dernières nouvelles, il était parti prendre des nouvelles d'Ali le berger. Tu sais bien qu'il est malade... -Oui... On parlait de lui hier au soir. Papa voulait l'hospitaliser, mais Daouia s'était opposée... Elle craignait que son mari ne trépasse loin d'elle... (À suivre) Y. H.