Le processus suggère des coûts supplémentaires au concessionnaire algérien qui, à son tour, les répercutera sur le coût final qui sera supporté par le client. Depuis que le gouvernement a revu à la baisse les importations des véhicules neufs pour réduire les dépenses en devises, les concessionnaires automobiles vivent une situation kafkaïenne. Les dix opérateurs, ayant reçu l'avis probatoire pour installer des usines de montage en Algérie, une exigence de la loi de finances 2014 qui fait obligation aux concessionnaires automobiles de créer une activité industrielle avec délai arrêté à janvier 2017, butent sur un cahier des charges pour le moins contraignant. En effet, le cahier des charges portant conditions et modalités d'exercice de l'activité de production et de montage de véhicules fixe le taux d'intégration à 40% sur un délai de 5 ans, avec un minimum de 15% à la troisième année et un bonus de 10% accordé sur le taux d'intégration pour l'adaptation sur les véhicules d'organes essentiels, comme les moteurs, les boîtes de vitesses et autres ponts de production nationale. Cette loi, à elle seule, vient limiter les exigences en matière d'intégration, sachant qu'à aucun moment, il est fait exigence d'investir dans la pièce de rechange. Pour preuve, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a tenté de se rattraper, lors de sa sortie à Tiaret, en invitant les concessionnaires, sur un ton menaçant, à se conformer aux dispositions de la loi de finances 2014, d'une part, et d'investir dans la pièce de rechange, de l'autre. Mais, le temps n'est plus en faveur de l'Eat qui, autrefois, engrangeait des dividendes sur la TVA, la TVN, les impôts et autres taxes douanières, en sus des milliers d'emplois créés par des opérateurs appelés, quant à eux, à disparaître du paysage automobile algérien. En termes plus clairs, ces concessionnaires, notamment ceux commercialisant les grosses cylindrées, contribuaient sensiblement au budget de l'Etat, avec cette valeur ajoutée de développer leurs réseaux à travers les 48 wilayas tel qu'il est exigé par le cahier des charges régissant l'exercice de l'activité des concessionnaires et du véhicule neuf. Aujourd'hui que la décision est prise pour encourager l'activité de montage de véhicules, l'Etat ouvre une brèche aux maisons mères à qui profiteraient ces dividendes. Car le montage de véhicule suppose, selon les termes de l'investissement en Algérie, l'exonération de la TVA, des droits de douane et d'autres avantages fiscaux et parafiscaux pour démarrer l'activité. Il se trouve que le montage en CKD revient plus cher et favorise la création de nouveaux emplois de l'autre côté de la rive de la Méditerranée. En ce sens, le véhicule qui sera monté en Algérie devra passer par trois étapes. Il est d'abord produit à la maison mère, acheminé vers des unités de démontage et emballé. Ensuite, il sera acheminé vers l'Algérie, avant qu'une logistique spécifique ne le prenne en charge pour un nouveau montage. Ce processus suggère des coûts supplémentaires au concessionnaire algérien qui, à son tour, les répercutera sur le coût final et que le client subira à son insu. Autrement dit, le produit local coûtera plus cher et le Trésor public accusera un coût financier élevé. Autre couac de ce cahier des charges, la prolongation au 31 décembre 2017 de l'obligation d'équiper le véhicule produit en Algérie en équipements répondant aux normes et aux spécificités techniques en matière de sécurité. Du coup, l'Etat accusera des pertes sèches en devises, des milliers d'emplois et enregistrera, à court terme, une forte baisse en matière de contribution à son budget. FARID BELGACEM