Ahmed Abou Ali, ressortissant américain d'origine jordanienne, risque quatre-vingt ans d'emprisonnement pour avoir projeté de tuer le président des états-Unis et soutenu la nébuleuse Al-Qaïda. Le tribunal fédéral de Virginie de l'Est a retenu, avant-hier, six chefs d'inculpation contre ce jeune Américain d'origine jordanienne. L'acte d'inculpation est basé uniquement sur le contenu d'une discussion qu'aurait eue Ahmed Abou Ali avec un complice sur un projet d'assassiner George Bush, soit en s'approchant suffisamment près de lui pour lui tirer dessus dans la rue, soit en actionnant un véhicule piégé. Deux autres suspects arrêtés en Arabie Saoudite, dans le cadre de l'enquête des attentats du 12 mai 2003, sont à l'origine des informations ayant permis l'inculpation de ce jeune Américain de 24 ans, qui a passé sa jeunesse dans la capitale fédérale, Washington. Lors de son audience, mardi, devant le tribunal fédéral de Virginie de l'Est, Ahmed Abou Ali, qui a été arrêté à Médine, en Arabie Saoudite, en juin 2003, a affirmé avoir été torturé au cours de son séjour dans une prison saoudienne. Il a même proposé, par la voix de son avocat, de montrer aux membres de la cour les cicatrices au juge. Expliquant à la cour qu'il était étudiant à l'université de Médine lors de son arrestation, il a précisé n'avoir jamais été informé des motifs de sa détention dans ce royaume. Quant au projet d'assassinat du président américain, il remonterait à septembre 2003, lorsque l'inculpé a informé un de ses complices à Médine de son intention de rallier les rangs de la mouvance Al- Qaïda d'Oussama Ben Laden. Il avait envie de devenir chef de projet d'opérations terroristes. De l'argent lui aurait été remis par une personne liée à Al-Qaïda pour l'acquisition d'un micro-ordinateur, un téléphone cellulaire et des livres, afin d'aider le réseau d'Oussama Ben Laden. À en croire la justice américaine, Ahmed Abou Ali aurait également bénéficié, en Arabie Saoudite, d'entraînement sur le maniement d'armes à feu et d'explosifs et sur la fabrication de faux papiers. Le procureur, Paul McNulty, chargé des poursuites contre le Français Zacarias Moussaoui pour ses liens présumés avec Al-Qaïda, a estimé que l'inculpé “est maintenant accusé des crimes les plus sérieux que notre pays puisse retenir contre des partisans du terrorisme”. Alors que son avocat, Ashraf Nubani, a déclaré qu'il plaiderait coupable, les parents de Ahmed Abou Ali ont porté plainte contre le gouvernement américain, à la mi-2004, accusant l'Administration Bush d'avoir exigé des autorités saoudiennes l'arrestation et la détention de son fils, sachant pertinemment qu'il allait faire l'objet de torture. De son côté, le directeur de la fondation Muslim American Society Freedom, qui suit les développements de cette affaire depuis de longs mois, a qualifié les accusations retenues contre l'inculpé de “spectaculaires et graves”. Il s'est notamment indigné qu'elles découlent d'informations obtenues sous la torture. K. A.