Résumé : Taos demande à Tahar et à Yamina des nouvelles de leur fils M'hamed. Ce dernier étudiait en ville et ne rentrait que rarement au village. M'hamed était né une nuit où Yamina venait de perdre son bébé. L'histoire remontait à vingt ans. Le jeune garçon soupçonnait-il quelque chose ? Yamina dépose un café chaud devant elle et y jette deux morceaux de sucre : -Je n'aimerais pas remuer les cendres du passé, mais tu nous a assurés, Khalti Taos, qu'hormis nous trois, personne n'est au courant de cette histoire qui a eu lieu il y a plus de vingt années. -Oui ma fille. C'est pourquoi je viens vous retrouver aujourd'hui pour justement m'assurer qu'aucun de vous deux n'a vendu la mèche dans un moment d'égarement. Yasmina ouvrit de grands yeux : -Tu soupçonnes que l'un de nous a révélé quelque chose à M'hamed ou à quelqu'un d'autre ? Taos prend une gorgée de café et dépose sa tasse avant de répondre : -Je ne soupçonne rien. Je me disais que peut-être M'hamed a eu écho de quelque chose... Peut-être a-t-il surpris une conversation entre vous deux à son sujet. -Absolument pas, lance Tahar d'une voix emreinte de colère et d'émotion. Jamais je n'aurai permis à M'hamed de relever le moindre soupçon dans nos conversations. Il a toujours été choyé par toute la famille. Il porte mon nom. Il a toujours vécu comme un prince parmi nous. Je n'ai jamais lésiné sur aucun effort afin de lui assurer un avenir tranquille. La preuve, il fait des études universitaires, et pourra bientôt voler de ses propres ailes. La grande ville va sûrement l'emporter dans son tourbillon, et il va sûrement s'y installer. Le village deviendra alors pour lui juste un relais pour les week-ends ou les vacances. Taos secoue la tête : -Arrêtez donc vous deux avec vos conclusions hâtives. Je n'ai jamais douté de l'éducation que vous avez donnée à ce garçon. Cependant, quelles que soient vos précautions, il doit y avoir une faille quelque part. Je suis à peu près certaine que ce garçon, dont Meriem m'a parlé, est M'hamed. -Mais enfin, Khalti Taos, lance Yamina. Dis-nous donc de quoi il s'agit. -C'est justement pour cela que je suis là pardi. Assieds-toi, Yamina. Et toi Tahar, ouvre bien tes oreilles. Voilà, Meriem a deux garçons scolarisés. Ils sont presque adolescents, et fréquentent l'école primaire du centre-ville. La vieille Taos raconte le récit que Meriem lui avait narré la veille. Elle n'omet aucun détail, et insiste sur les émotions qu'avait ressenties sa belle-fille à la vue d'un jeune homme qu'elle ne connaissait même pas. Elle s'arrête enfin et reprend son mouchoir pour essuyer la sueur qui coulait de son front, avant de demander un autre verre d'eau. Yamina s'empresse de la servir sans dire un mot. Tahar, de son côté, demeure muet. Taos reprend ses esprits et demande : -Alors ? Qu'en pensez-vous ? Yamina soupire : -Je ne sais trop quoi dire. Certes, l'instinct d'une mère ne trompe jamais. Mais toutes ces suppositions à l'égard de M'hamed ne tiennent pas debout. Qu'est-ce qui te fait penser qu'il s'agissait de lui ? -Tu viens de te le dire ma fille : l'instinct maternel. Sinon comment expliques-tu la réaction de Meriem ? -Je ne pense pas qu'il d'agit de M'hamed, lance enfin Tahar. C'est peut-être un jeune étudiant égaré qui passe son temps à embêter les gens. M'hamed n'aurait jamais osé se comporter de cette manière. -Les jeunes de nos jours aiment s'affirmer à leur façon. M'hamed ne peut pas faire exception. Cependant, je préfère m'arrêter là car je n'ai aucun autre argument pour confirmer mes doutes. Heu... pour plus de précautions, je vais me déplacer en ville pour passer quelques jours chez mon fils Hakim. Je vais accompagner Meriem lorsqu'elle ira récupérer ses enfants de l'école, et on verra ensuite ce qu'il y aura lieu de faire. (À suivre) Y. H.