Résumé : Taos quitte très tôt la ferme pour se rendre dans une famille qui habitait un village mitoyen. Agréablement surprise par sa visite matinale, Yamina, la mère de famille, la reçoit à bras ouverts. Son mari Tahar n'est pas en reste. Taos soupire et demande : -Ton fils M'hamed n'est pas là ? Tahar fronce les sourcils et jette un coup d'œil curieux à son épouse avant de répondre : -Non. Tu sais bien qu'il fait des études en ville. Il est à l'université. -Oui. Je le sais. Je voulais juste savoir s'il rentrait de temps à autre pour le week-end. -Pas régulièrement. Je pense qu'il préfère la ville maintenant qu'il est habitué à son nouveau mode de vie. -Je... j'aurais voulu le revoir. -Désolé Taos. M'hamed passe de temps en temps à la maison lors des fêtes religieuses ou durant les grandes vacances d'été. C'est un garçon qui attache beaucoup d'importance à ses études et à son indépendance. Souvent, il préfère travailler pour se faire un peu d'argent. Heureusement d'ailleurs, car avec deux autres garçons sur les bras, je n'aurais pas su à quel saint me vouer pour m'en sortir. -Tes garçons sont au lycée. Ils doivent t'aider eux aussi. -Ils m'aident. Mais je préfère qu'ils se penchent le plus sur leurs études. -Et Kamra ? -Ma fille aînée ? Elle va bien. Elle est mère d'un deuxième enfant. Et ce n'est pas tout. Fatima, ma cadette, est fiancée. -Quelle bonnes nouvelles ! Toutes mes félicitations pour ces heureux évènements. Tu es comblé mon cher Tahar. Ta famille s'agrandit et tes terres te donnent de bonnes récoltes. -Grâce à Dieu. Je ne demande pas plus qu'une bonne et durable santé maintenant que les enfants sont grands. Il se tut et reprend : -Tu y es aussi pour beaucoup dans le bonheur de ma famille. Elle ébauche un sourire : -Je n'ai fait que mon devoir. Rappelle-toi. Tu voulais un garçon à n'importe quel prix. Tes deux filles ne te suffisaient pas. Il te fallait un héritier. Il hoche la tête : -Oui. C'était toi la première qui avais trouvé la solution. Tu nous a ramené ce bébé en pleine nuit. Nous étions si heureux d'avoir enfin un petit garçon dans la famille que nous ne tenions plus en place moi et Yamina. Il se renfrogne : -Elle venait d'accoucher d'un garçon mort-né cette même nuit et était inconsolable. La famille n'attendait qu'une autre occasion pour nous humilier et nous traiter d'incapables. Il fallait sauver la face. -Allons donc. Vous aviez pu avoir deux autres garçon deux années plus tard, des jumeaux. Dieu a été clément, et a récompensé votre patience. -Oui. Je le conçois. Mais M'hamed était une bénédiction du ciel. Elle soupire : -Je n'en sais pas trop mon fils. Il remarque son air contrarié et s'apprête à l'interroger, lorsque Yamine le devance : -Que se passe-t-il khalti Taos ? Quelqu'un d'autre est au courant de cette histoire ? La vieille femme secoue la tête : -Non. Non. J'ai toujours fait en sorte que personne ne le sache. Mais il semblerait qu'il y a un soupçon dans l'air. -Un soupçon ? Qui soupçonne quoi ?, demande Tahar d'une voix ferme. Taos se met à s'éventer avec son mouchoir. Yamine se lève et lui sert un grand verre d'eau. Elle le boit d'une traite et lance : -Il y a, comme ça, des coups du hasard. Des coups qui dépassent ou devancent nos plans. Je ne sais quoi vous dire, mais il se trouve que ma belle-fille m'a raconté une histoire qui m'a laissée perplexe. -Une histoire concernant notre fils M'hamed ? -Je ne suis pas encore certaine qu'il s'agisse bien de lui, mais l'instinct maternel ne trompe jamais une mère. Laissez-moi donc vous narrer toute cette affaire et vous me direz ensuite ce que vous en pensez. (À suivre) Y. H.