Pour les syndicalistes regroupés autour du CNLS, la légitimité “des syndicats autonomes émane de leurs bases respectives et ne peut être une reconnaissance administrative ou patriarcale”. La déclaration du Président, dans laquelle il affirmait, mercredi, qu'il ne reconnaissait que l'UGTA, a choqué les syndicalistes des organisations autonomes qui ont pris part, jeudi, à la conférence du Comité national pour les libertés syndicales (CNLS). “Je suis horrifié”, s'est offusqué un syndicaliste du CLA. “Il n'y a plus de liberté syndicale puisqu'on impose aux travailleurs leurs représentants”, a fait remarquer un syndicaliste du SNTE. Un autre verra dans la déclaration de Bouteflika “un message non pas aux syndicats, mais aux travailleurs pour rejoindre les rangs de l'UGTA”. Mais si certains ont été bouleversés par la sortie de Bouteflika, d'autres, par contre, plus sereins jugent qu'il y a lieu de riposter. Tout en s'interrogeant, un brin ironique, si le président de la République “est au courant de l'existence de syndicats autonomes”, M. Benkhelfellah du SNPSSP estime qu'une interpellation franche et directe du premier magistrat du pays est de mise. “Il faut répondre aux pouvoirs publics en observant, par exemple, un sit-in au Palais du gouvernement le jour de la tripartite”, propose un syndicaliste du Snapap. D'autres veulent carrément aller vers une grève. Loin d'être ébranlé par la déclaration de Abdelaziz Bouteflika, le Dr Tahar Besbas, coordinateur du CNLS, affirme pour sa part que “si le Président a dit que seule l'UGTA représente les travailleurs, cela veut dire que, quelque part, il est dérangé par les syndicats autonomes”. Ceci dit, il estime qu'avec ce parti pris du Président en faveur de l'organisation de Sidi-Saïd, une action commune “s'impose d'elle-même”. Dans la déclaration finale sanctionnant les travaux de la conférence, le CNLS affirme que “la légitimité et la reconnaissance des syndicats autonomes émane de leurs bases respectives et ne peut être une reconnaissance administrative ou patriarcale”. Par ailleurs, il a vigoureusement dénoncé “l'irresponsabilité et la culture autoritaire” du gouvernement qui ne veut pas, selon lui, engager un dialogue social malgré la multiplicité de grèves observées dans plusieurs secteurs. “L'usage de pouvoirs spéciaux par le gouvernement à l'encontre des syndicats autonomes en vue de prohiber le droit de grève et/ou d'en limiter la durée est une pression directe pour criminaliser les conflits sociaux et l'action revendicative”, lit-on dans ladite déclaration. Aussi appelle-t-il toutes les forces syndicales à “développer la solidarité, l'unité d'action, les rapprochements intersyndicaux en vue de défendre les libertés syndicales (…), le droit de grève et lorsque la situation l'exige des actions revendicatives”. A. C.