Résumé : Il n'y a plus de doute, le jeune M'hamed connaît la vérité sur ses origines. Cette affaire qui va remonter des tréfonds du passé provoquera l'inéluctable. Pour soulager sa conscience, Taos décide de confier son secret à son fils. Elle se pince les lèvres et jette un rapide coup d'œil à la porte du salon, puis chuchote : -Tu as bien deviné. Je suis réellement soucieuse. Bien plus que ça, je suis inquiète. Hakim dépose son stylo et fronce les sourcils en s'approchant pour prendre place près de sa mère : -Qu'est-ce qui t'inquiète maman ? Tu es malade ? Elle hoche la tête : -Tu peux le dire. Elle soupire : -Pourquoi le destin s'amuse-t-il à nous narguer ? Hakim fait la moue : -Je ne sais quoi te répondre là-dessus. Pourquoi cette question maman ? Quelqu'un t'a-t-il contrariée ? Elle soupire encore : -Ah ! mon fils. Ah ! mon garçon. J'aurais voulu être déjà sous terre pour ne pas avoir à affronter une scabreuse vérité qui ne va pas tarder à surgir dans la famille. De plus en plus intrigué, Hakim regarde sa mère d'un air qui en disait long sur son étonnement et sa curiosité : -Je n'aimerais pas te brusquer mère, mais a priori je devine que tu es sur le point de me révéler quelque secret profond que tu caches en toi depuis une éternité et qui vraisemblablement remonte à la surface. Elle hoche la tête : -Tu l'as deviné fiston. Quelque chose me tourmente. J'aimerais soulager ma conscience. Mais je ne sais comment, ni par quoi commencer. Avant tout, je n'aimerais pas que ta femme écoute notre conversation ou se doute de quoi que ce soit. Elle est trop intelligente et comprendra vite qu'il y a anguille sous roche. Hakim se lève et ferme la porte du salon : -Voilà. Meriem n'entendra absolument rien ainsi. En sus, elle est occupée à faire la vaisselle dans la cuisine et la radio diffuse des morceaux de musique. Aucun risque qu'elle puisse saisir un seul mot de ce que tu vas divulguer. Taos se croise les bras et prend une lente inspiration avant d'entamer : -Hakim, l'histoire que je vais te narrer, tu la connais déjà. Je te fais juste rappeler que cela remonte à l'époque où Houria avait envoyé Meriem acheter des médicaments pour Aïssa un certain soir d'hiver, et que cette dernière s'était fait agresser à l'orée de la forêt avec toutes les conséquences qui en avait découlé. Hakim hoche la tête d'un air sérieux : -Oui. C'était un mauvais passage pour nous tous, surtout lorsque nous avons appris que Meriem était enceinte. Heureusement que le bébé était mort à sa naissance. Taos secoue la tête et murmure : -Non. Non. Justement, le bébé n'était pas mort. Et c'est là tout le drame. Hakim sursaute et se lève : -Que racontes-tu maman ? Le bébé n'était pas mort ! Qu'était-il devenu ? Tu l'as enterré vivant ? Taos sentit ses yeux se mouiller : -Si je pouvais le faire, je l'aurais peut-être fait. Mais la vie est un don de Dieu. C'est Lui qui la donne, et c'est Lui qui l'ôte. Nous ne sommes que Ses faibles créatures. Non, mon fils. Meriem avait mis au monde un beau bébé. Il était robuste et bien portant. Juste après sa délivrance, elle avait sombré dans un profond sommeil. J'ai alors vite fait de faire mes calculs pour sortir hâtivement de la maison et le remettre à une famille qui venait justement de perdre un nouveau-né. Un petit garçon. La mère était inconsolable et ne savait que faire, et le père qui attendait son héritier était fort chagriné. Il fallait sauver la face aussi devant les autres membres de la famille et même du village, qui reprochait à Si Tahar et à Yamina, son épouse, leur incapacité à donner un frère à leurs deux filles. Je venais d'apprendre cette nouvelle dans l'après-midi même où Meriem venait de ressentir les premières douleurs. Alors il ne me fallait pas trop réfléchir pour trouver la solution la plus adéquate. J'ai fait la promesse devant Dieu que si elle mettait un garçon au monde, je le remettrais immédiatement à ce couple qui ne savait même pas quelle attitude adopter pour annoncer la mort de leur nouveau-né, et de surcroît un garçon. (À suivre) Y. H.