Résumé : Taos semble offusquée par l'histoire de sa belle-fille. Meriem est étonnée de sa réaction. Sa belle-mère est certaine que ce jeune garçon voulait remonter la piste jusqu'à elle. Peut-être voulait-il connaître la famille... Taos demande à la jeune femme d'oublier cette histoire. Meriem soupire : -J'aimerais bien, yemma Taos. Je voulais juste que tu m'expliques cette attirance envers lui. Après tout, ce garçon je ne l'ai jamais rencontré auparavant. -Peut-être... Un petit vent s'était levé, et quelques nuages commençaient à se former. -Le temps se rafraîchit. Je commence à ressentir mes rhumatismes, Meriem. Rentrons, veux-tu ? La jeune femme se lève et ramasse leurs affaires, avant de suivre sa belle-mère qui venait d'entamer la descente du sentier qui menait vers la ferme. Meriem se demande alors si elle avait bien fait de la mettre au courant de cette histoire avec ce jeune homme. La journée passe sans encombre. Les enfants rentrèrent épuisés mais satisfaits. Daouia leur avait préparé les mets dont ils raffolaient, et Salim les avait emmenés en promenade à travers les champs et les clairières. Ils avaient pris quelques poules et oies en chasse, et riaient de leur incapacité à les rattraper. Le vieux Aïssa leur avait demandé des nouvelles de leur père et de leur grand-père Amar dont il se languissait. Kamel lui avait assuré que ce dernier viendra comme à ses habitudes passer le mois de Ramadhan au bled. Les garçons racontèrent en détails leur journée à leur maman, puis ils dînèrent et allèrent se coucher pour sombrer immédiatement dans un sommeil profond. Meriem paresse un moment devant la cheminée. Taos faisait la vaisselle, et Houria qui avait fini par quitter sa chambre, était assise devant le métier à tisser et tirait des fils en largeur. Cette passion soudaine à tisser des tapis en avait surpris plus d'un. Mais elle avait rétorqué à tous les curieux qu'elle avait envie d'occuper utilement ses journées. Meriem l'avait encouragée à poursuivre dans ce contexte, et trouvait magnifiques les motifs qui naissaient sous ses doigts, et les couleurs qu'elle savait habilement marier. Elle pouvait rester des heures à la regarder travailler, mais Houria n'aimait pas trop sa présence auprès d'elle, et souvent lui tournait le dos afin qu'elle ne remarque pas ses nouvelles tendances. La jeune femme avait fini par se détourner définitivement d'elle. Elle passait de longues heures à lire ou à marcher à travers la ferme. Le changement d'air lui faisait beaucoup de bien. Elle aimait aussi rendre visite à quelques parents et voisins, et discutait beaucoup avec les vieilles femmes qui avaient connu sa mère et ses grands-parents. La nostalgie du passé la reprenait dès qu'elle foulait la terre de ses ancêtres. Son père lui avait raconté beaucoup de choses sur leur famille, mais elle était insatiable et n'arrêtait pas de poser des questions à tous ceux qui pouvaient la renseigner ou lui donner des informations supplémentaires. Taos lui reprochait souvent sa familiarité avec les oncles de son père. Ceux-là mêmes qui l'avaient déshérité et éloigné du village alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Mais Meriem haussait les épaules. Le passé était loin derrière elle. Ce qu'elle aimerait, c'était plutôt que les nouvelles générations fassent la paix entre elles et renouent avec leurs racines familiales et ancestrales. Taos prépare un thé à la menthe et invite la jeune femme à en boire tant qu'il est chaud. Meriem prend le verre qu'elle lui tendait et rencontre son regard. Sa belle-mère lui sembla anxieuse depuis leur retour de promenade dans l'après-midi. L'avait-elle contrariée ? Pourtant, d'habitude, elle prenait plaisir à l'écouter et ne se lassait jamais de sa présence. -Le thé ne te plaît pas ? Elle trempe ses lèvres dans le breuvage chaud et sucré : -Il est succulent. -À la bonne heure. J'ai rajouté une grande cuillère de miel pour rehausser son goût. -Il est très bon, yemma Taos. Viens donc t'asseoir. La vieille femme se laisse tomber sur le canapé et cale un coussin derrière elle : -J'ai encore mal aux articulations. Il fait encore frais, et mes rhumatismes me font atrocement souffrir. -Tu devrais te reposer davantage. Elle hausse les épaules : -Je ne fais pas grand-chose. Hormis l'entretien de la maison et la cuisine, je ne touche plus à rien. -C'est déjà beaucoup pour ton âge l'entretien d'une grande et spacieuse maison comme la nôtre. -Qui pourra donc le faire ? Je ne peux pas compter sur Houria. Elle est tout le temps fatiguée. (À suivre) Y. H.