Résumé : Le passé ressurgit et rattrape ses détracteurs. Taos en était consciente. Maintenant que les dés sont jetés, il va falloir préparer le terrain afin de minimiser les dégâts. Elle confie ses craintes à son fils. Meriem les rejoint. Hakim lui demande si les enfants étaient au lit. Elle hoche la tête. -Bien entendu mon cher mari. Il se fait tard, et demain ils ont cours. Yemma Taos, tu me sembles bien fatiguée. Ne ferais-tu pas mieux toi aussi d'aller te coucher ? -C'est ce que je m'apprêtais à faire ma fille (elle tente de se redresser et pousse un petit cri). Aie ! Aie ! Mon dos me torture encore. Pourras-tu me faire un petit massage Meriem, juste pour m'aider à trouver le sommeil ? -Bien sûr yemma Taos. Je vais d'abord te préparer une bonne tisane pour te détendre, et ensuite je te ferai ce massage dont tu sembles vraiment avoir besoin ce soir. Deux jours passent. La vieille femme avait mûrement réfléchi au meilleur moyen de revoir M'hamed, sans se faire remarquer par ses petits-enfants ou par sa belle-fille. Elle avait accompagné Kamel et Malek deux fois de suite à leur école, mais le jeune homme ne s'était pas pointé. Peut-être préparait-il ses examens ? Pourtant elle devrait l'aborder et lui parler. Il la connaissait bien et n'allait sûrement pas refuser de discuter avec elle. Elle sera alors fixée sur ses intentions. Au troisième jour, alors qu'elle revenait du marché, Taos remarque le jeune M'hamed devant un kiosque à tabac qui faisait face à l'école. Elle dépose son couffin au bord du trottoir et passe un mouchoir sur son visage en feu, avant d'agiter sa main : - M'hamed ! M'hamed ! Le jeune homme se retourna brusquement. Il reconnut la vieille femme, il semblait gêné de la rencontrer. Peut-être avait-il l'intention d'attendre là jusqu'à la sortie des cours, et elle remettait son plan en cause ? Cependant, ne pouvant se dérober, il ébauche un sourire et traverse la rue pour la saluer : -Khalti Taos. Quel bonheur de te revoir ! Il lui embrasse la main puis le front. Elle le laisse faire, puis recule de deux pas pour le contempler : -M'hamed. Je t'ai à peine reconnu. Tu es devenu un très bel homme. Il rougit : -C'est vrai ? Il me semble qu'on s'est rencontré, il n'y a pas très longtemps, au village. -Il y a plus d'une année, pardi ! Tu étais venu pour la fête de l'Aïd. Il ouvrit de grands yeux : -Ma foi. C'est exact. Comme le temps passe vite. ! Comment vas-tu donc khalti Taos ? -Moi, je vais bien. Et toi ? -Ça va. Je prépare mes examens. Laisse-moi donc t'aider à porter ce lourd panier. Tu te rends sûrement chez Hakim, n'est-ce pas ? -Oui. Je suis venue passer quelques jours chez Hakim et Meriem. Tu te rappelles bien de mon fils ? -Oui. Je l'ai vu une fois ou deux au village. Mais nous ne nous sommes jamais parlé. À vrai dire, je le connais juste de vue. Cela doit être le même cas pour lui. -C'est évident. Hakim habite en ville depuis plusieurs années. Et Meriem, ma belle-fille ? La fille de Si Amar, tu la connais aussi ? Le visage du jeune homme vire au rouge. Il dépose le panier et reprend son souffle avant de répondre : -Je la vois. Elle vient souvent récupérer ses enfants à leur sortie d'école. Je... C'est une très belle femme. J'aimerais tant lui parler. -Pour lui dire quoi au juste ? -Rien. Ou plutôt je pourrais lui dire qu'elle est de mon village. Que c'est une femme que j'admire et que je respecte beaucoup. -Il y a plein de femmes de notre village qui résident en ville et qui sont belles et actives. Pourquoi justement elle ? Le jeune homme reprend le panier et se remet à marcher au pas de la vieille femme : -Je ne sais pas quoi te dire khalti Taos. J'ai découvert une certaine vérité à son sujet. -Quelle vérité M'hamed ? Que pouvais-tu découvrir au sujet de Meriem ? Il s'arrête et se tourne vers elle. La sueur coulait de son visage et il redépose encore le lourd panier qu'il portait pour prendre un mouchoir et s'essuyer. (À suivre) Y. H.