Résumé : Taos suit Meriem pour une longue promenade à travers champs. Cette dernière profite de la présence de sa belle-mère pour se confier à elle et lui parler de ce qui la préoccupait. Elle lui raconte l'anecdote du jeune garçon qui se pointait chaque jour à l'école pour aborder Kamel. Elle déglutit et poursuit : -Je suis revenue le lendemain. Il était encore là. Seulement, cette fois-ci, il rasait les murs qui faisaient face à l'école. Nous avons échangé quelques propos, et avant de partir il m'a lancé d'un air triste qu'il avait besoin de moi. Le plus bizarre dans cette affaire, c'est que les deux fois où je l'avais vu, j'ai senti mon cœur bondir dans ma poitrine, et quelque chose remuer en moi. J'avais... j'avais envie d'aller vers lui, de le prendre dans mes bras, de le protéger... Elle soupire : -J'ai beau essayé de m'expliquer cette attirance et ce sentiment qui naissait en moi. En vain. Bien sûr, Hakim n'est pas au courant, car il aurait eu un comportement plutôt agressif. J'ai alors pensé à t'en parler. Taos, qui l'avait écoutée jusqu'au bout sans l'interrompre, s'était arrêtée de manger et la regardait curieusement. Meriem fronce les sourcils : -Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai quelque chose sur le visage ou dans les cheveux ? -Non. Je... Non tu n'as rien. Je... je me demandais juste qui pouvait être ce jeune garçon. Il est comment ? Décris-le moi donc. -Plutôt beau gosse. Grand, brun, charmant. Il doit avoir dans les vingt ans. Il est universitaire. Taos se remet à manger son sandwich. Elle avait le front plissé, comme chaque fois que quelque chose la préoccupait. Meriem sourit et balaya l'air de ses mains : -Ne prends pas mes propos trop au sérieux, c'était juste une impression comme ça, que j'avais ressenti en regardant ce garçon. Enfin, je veux dire que moi-même j'étais fort surprise d'éprouver cette attirance spontanée. Mais je n'en fais pas un drame bien sûr. Taos dépose son sandwich et s'essuit les mains : -Les voies du destin sont impénétrables ma fille. Meriem regarde sa belle-mère. Ses propos l'avaient troublée. Son visage avait viré au rouge, et elle transpirait abondamment. -Je suis désolée Yemma Taos si ma franchise t'a offusquée. La vieille dame ramasse quelques miettes de pain sur le tapis et les garde dans sa main pour les donner aux oiseaux. Elle soupire et se relève : -Je ne suis pas offusquée mais un peu étonnée. Ce garçon doit te connaître, et même connaître le famille. Il ne voyait en ton fils qu'un fil conducteur vers toi. -Vraiment ? -J'en suis sûre. Sinon pourquoi s'amuserait-il à l'attendre tous les jours devant le portail de l'école au risque de s'attirer des ennuis ? Meriem garde le silence un moment. Elle ne voulait pas trop se hasarder à contrarier sa belle-mère, mais ressentait comme un reproche dans sa voix. Taos n'était pas née de la dernière pluie. Elle avait son expérience de la vie, et savait ce qui était bon ou mauvais au premier coup d'œil. -Comment pouvais-tu savoir que ce garçon voulait remonter jusqu'à la famille ? La vieille émiette un autre morceau de pain dans la main, puis lance d'une voix ferme : -Parce que je le sais. -Comment cela ? -Comme ça... Je le sais. Je ne peux pas t'en dire plus. -Mais justement c'est pour que tu me rassures que je t'en parle. A priori tu ne veux pas me confier ce que tu sais. Y a-t-il un lien entre cette histoire et notre famille ? Si c'est le cas, dis-le-moi. Et dis-moi aussi qui est ce garçon ? -Comment donc ? Je ne le connais même pas. -Alors pourquoi spéculer sur des suppositions. ? -Je ne spécule sur rien. Je préfère garder mon opinion pour moi. Je vois que tu donnes trop d'importance à cet incident. Tu as peut-être raison. Mais je préfère qu'on oublie cette histoire. (À suivre) Y. H.