Résumé : M'hamed raconte en menus détails ce qu'il avait appris sur sa véritable mère. Il était étonné de savoir que cette élégante et jolie jeune femme l'avait mis au monde. Pourquoi l'avait-elle abandonné, et qui était donc son père ? Le jeune homme voulait connaître toute la vérité sur ses origines. Taos avait mis sa cocotte sur le feu et y jeta quelques légumes avant de revenir vers lui. Elle tire une chaise pour s'asseoir et le regarde dans les yeux : -Que veux-tu au juste connaître, jeune garçon ? -Je veux connaître la vérité, toute la vérité. Je vais bientôt terminer mes études. Si je n'arrive pas à élucider toute cette affaire, ma vie ne sera qu'un labyrinthe d'incertitudes. Taos s'essuie les mains et se verse un verre d'eau. Elle passe une main caressante sur le bras de M'hamed et soupire : -Pauvre petit. On dirait que la vie te joue à toi aussi de mauvais tours. Sinon comment expliquer toutes ces coïncidences. -Alors tu connais quelque chose sur cette affaire ? -Si je connais quelque chose ? Elle soupire : -Tu peux même dire que je connais toute l'affaire depuis le début. C'est moi qui avais assisté ta mère dans ses couches lorsque tu es né un soir d'hiver. M'hamed se redresse : -C'est donc vrai ? Meriem est ma mère ! La vieille femme hoche tristement la tête : -Oui. Tu ne t'es pas trompé. Meriem est ta mère biologique. -Et qui est donc mon père ? Taos soupire : -C'est justement là tout le drame. Personne ne le sait. De plus en plus intrigué, le jeune homme la presse : -Raconte. Raconte-moi tout khalti Taos, peut-être pourras-tu apaiser la flamme qui brûle dans mon cœur ? Taos laisse couler deux longues larmes, avant de s'essuyer le visage avec un mouchoir : -Meriem n'a jamais eu une vie facile. Certes lorsqu'on la rencontre, on pense tout de suite que cette femme n'a peur de rien. Elle est sûre d'elle et mène aujourd'hui une vie assez paisible auprès de son mari et de ses enfants. Mais son enfance et sa jeunesse n'ont pas été de tout repos. Elle soupire encore : -Je vais tout te raconter M'hamed. Après cela, c'est à toi de décider de ce qu'on devrait faire. Je n'aimerais surtout pas que ma belle-fille ressente un choc en te rencontrant, nous devrions prendre nos précautions afin de lui éviter toute émotion. Il hoche la tête : -Je ferai ce que tu voudras khalti Taos. -Alors écoute. Voilà. Meriem est la fille unique de Si Amar et de sa première femme Aïcha, décédée alors que la petite n'avait pas deux ans... On était à la mi-journée. Taos avait dressé la table et attendait que les enfants soient là pour les servir. Meriem venait d'arriver, et Hakim avait appelé pour lui apprendre qu'il avait du travail et ne pourrait pas rentrer pour le déjeuner. La vieille femme s'était surpassée pour préparer un plat dont les enfants raffolaient ainsi qu'un hors-d'œuvre et du flan au chocolat. Meriem remarque son air las et ses yeux enflés. Elle la sermonne : -Tu n'aurais pas dû te donner autant de mal pour préparer le déjeuner yemma Taos. Tu es là plutôt pour te reposer. -Je n'ai rien à faire ma fille. Je m'ennuyais à mourir, alors je suis sortie faire le marché, puis voyant que j'avais encore assez de temps devant moi, j'ai préparé cette jardinière. Je t'assure que je me sens beaucoup mieux que les jours passés. Allons, appelle les enfants et assieds-toi. Je vais servir. -Non. C'est plutôt toi qui devrais t'asseoir. C'est moi qui vais servir. Après la vaisselle, Meriem insiste pour mettre sa belle-mère au lit. Elle allume la télé et choisit un programme pour elle : -Tu ne toucheras à rien avant mon retour, lui recommande-t-elle. Si tu veux prendre un café ou un fruit, tu n'auras qu'à te rendre dans la cuisine, sinon essaye plutôt de faire un petit somme pour te reposer. Taos fait la moue : -On dirait que tu t'adresses à un enfant débile ou à un handicapé. Je ne suis ni l'un ni l'autre, Meriem, ma fille. -Eh bien, dans ce cas, sois raisonnable et ne t'amuse pas à te lever pour faire le ménage ou des gâteaux. Je n'aimerais pas que tu bouges de ta couche avant que je ne revienne de mon boulot. -C'est promis. Tu peux partir tranquille. Je vais dormir un peu pour récupérer. (À suivre) Y. H.