"Dans la situation difficile et critique que vit la France au lendemain des attentats tragiques qui ont profondément touché le pays, le CFCM en appelle à la sagesse et à la responsabilité de chacun." Les interdictions du burkini sur certaines plages françaises ne doivent pas conduire à des "stigmatisations", a estimé, hier, le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Bernard Cazeneuve, alors que la publication de photos d'un contrôle de police a relancé le débat sur cette mesure controversée. "La mise en œuvre de la laïcité et la possibilité de prendre ces arrêtés ne doivent pas conduire à des stigmatisations ou à l'antagonisation des Français, les uns contre les autres", a déclaré le ministre à l'issue d'une rencontre avec le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, qui, face à l'inquiétude dans sa communauté, avait sollicité une audience "en urgence". Le CFCM avait affiché, dans un communiqué rendu public, quelques heures auparavant, son inquiétude devant "la tournure prise par le débat public" autour de l'interdiction du burkini dans plusieurs villes du littoral. "Devant la peur grandissante de la stigmatisation des musulmans de France", le Conseil français du culte musulman (CFCM) a sollicité "une audience d'urgence" avec le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait annoncé son président, Anouar Kbibech, dans ce communiqué. "Dans la situation difficile et critique que vit la France au lendemain des attentats tragiques qui ont profondément touché le pays, le CFCM en appelle à la sagesse et à la responsabilité de chacun. Aujourd'hui, nous avons plus besoin d'actes d'apaisement et de tolérance", écrit M. Kbibech. Une vingtaine de communes françaises, surtout sur la Côte-d'Azur (Sud-Est), ont pris cet été des arrêtés pour interdire aux femmes de se rendre à la plage avec une tenue "manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse" ou non "respectueuse de la laïcité". Ces arrêtés dit "anti-burkini" (contraction de burqa et bikini) ont suscité une vive polémique dans le pays et à l'étranger. Le CFCM regrette notamment dans son communiqué qu'une femme ait été verbalisée à Cannes (Sud-Est) "alors qu'elle portait un simple foulard en accompagnant juste ses enfants". Cette mère de famille de 34 ans, qui a, par ailleurs, été invectivée par des passants au moment de son contrôle selon un témoin, a annoncé, mardi, vouloir contester le PV qui lui a été dressé. Le Parti socialiste a publié un communiqué dans lequel il affirmait avoir "pris connaissance, avec stupéfaction, de la décision de la police municipale de Cannes, de verbaliser une femme portant un simple foulard sur une plage". Alors que le Premier ministre socialiste, Manuel Valls, affirme soutenir ces maires dans leur décision d'interdire le port du burkini sur les plages relevant de leurs circonscriptions, son parti reste prudent quant à cette polémique qui a pris une dimension internationale. Le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative française, se penchera aujourd'hui sur la légalité de ces interdictions. La France, où vit la plus importante communauté musulmane d'Europe (5 millions de personnes), interdit le voile musulman à l'école depuis 2004 et le voile intégral dans l'espace public depuis 2011. Lyès Menacer/Agences