Le débrayage continue. Les grévistes n'écartent pas l'éventualité d'une action de protestation illimitée dans le cas où les pouvoirs publics persisteraient dans leur indifférence. La grève de deux jours à laquelle a appelé le Comité national des boulangers (CNB) a été largement suivie à travers tout le territoire national. Hier, 1er jour du débrayage, le taux de suivi a, selon le secrétariat général de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), atteint plus de 80%. Dès les premières heures de la matinée, les citoyens étaient hier surpris de voir les boulangeries, implantées dans les diverses artères de la capitale, fermées. Le passage à l'acte décidé par ces commerçants est pour le moins inattendu. Tout le long du chemin qui sépare les communes de Belouizdad et de La Casbah, en passant par la place du 1er-Mai et les rues Hassiba-Ben-Bouali, Larbi-Ben-M'hidi, le boulevard Amirouche… les couffins des ménagères rencontrées étaient dépourvus de la baguette de pain. Les consommateurs vont certainement recourir à la galette préparée à la maison par les mamans. Toutes les wilayas ont, a estimé M. Benabdesslam, SG du CNB, respecté le mot d'ordre. Tébessa, Tipasa, Mostaganem, Bouira, Jijel sont, si l'on tient compte des statistiques avancées par le SG de l'UGCAA, M. Souelah Salah, les wilayas qui ont enregistré le plus grand taux de suivi estimé à 90%. À Tizi Ouzou, le mouvement de protestation a été largement suivi avec un taux qui dépasse les 95%. Viennent ensuite les wilayas d'El-Oued et de Aïn Témouchent qui ont répondu à l'appel à la grève suivant un taux de 85%. À Alger, il a dépassé les 75%. Les plus faibles taux ont été constatés dans les wilayas d'El-Tarf (10%), de Ouargla (30%), Béchar (35%) et de Annaba (40%). Nos correspondants ont rapporté pratiquement la même situation qui prévaut dans l'ensemble des wilayas. Dans la ville de Annaba, le correspondant parle d'un taux de suivi de 25%. À Bouira, notre journaliste qui a interrogé le citoyen affirme que la grève n'a pas été suivie dans le chef-lieu et dans de nombreuses autres localités. Néanmoins, le circuit de production et de distribution du pain était paralysé hier à Sidi Bel-Abbès. Une grève illimitée n'est pas écartée À Oran, notre correspondant avance le chiffre de 80% du taux de suivi alors que notre collègue de Constantine soutient le contraire. Dans cette wilaya, seul un boulanger sur dix a suivi le mouvement de protestation. Celui-ci est partiellement suivi à Mascara, indiquera notre correspondant. Le CNB a, cependant, précisé qu'un service minimum, réservé exclusivement au secteur de la santé, notamment aux hôpitaux et autres structures sanitaires, est assuré pendant les deux jours de grève. Les premières déclarations à chaud de M. Benadesslam expriment clairement sa grande satisfaction. “Nous sommes entièrement satisfaits du suivi de la grève. Ce sont des résultats qui dépassent nos attentes. Cela se veut une preuve concrète que les boulangers sont lésés, qu'ils travaillent à perte et qu'ils s'attachent à leurs droits légitimes”, lancera-t-il. Commentant le dernier communiqué émanant des services du Chef du gouvernement, le SG de l'UGCAA parle d'“intimidations et de tentatives vaines de briser le mouvement de grève”. Les responsables syndicaux n'écartent pas l'éventualité de se lancer dans une grève illimitée dans le cas où les pouvoirs publics persisteraient dans leur indifférence à régler cette problématique dont les seules victimes ne sont autres que les consommateurs et les boulangers eux-mêmes. À ce propos, à l'issue des deux jours de grève, l'UGCAA convoquera toutes les sections de wilaya pour une évaluation du mouvement et prendre les décisions collégiales qu'il faut. Par ailleurs, le ministère du Commerce n'est pas resté aussi insensible à cette situation d'autant plus qu'il est à l'écoute de ce qui se passe du côté des boulangers. Des équipes chargées d'établir un bilan du mouvement de protestation ont finalisé un rapport, contenant divers éléments d'informations. Le document a été aussitôt transmis aux services du Chef du gouvernement. Le département de M. Boukrouh était hier dans l'attente des instructions qui émaneront de l'Exécutif. Le CNB, pour sa part, estime que le maintien de la grève, après avoir fait preuve de sagesse pendant plus d'une année, est l'ultime moyen pour faire bouger les choses. Toutefois, le comité prône le dialogue comme meilleure solution à la crise. Si les portes de leur boulangerie sont fermées, celles du dialogue avec les autorités publiques demeurent en revanche ouvertes. B. K.