Ces fosses communes ont été découvertes dans les régions anciennement conquises par l'organisation terroriste. Leur superficie totale représente l'équivalent de deux stades de football. L'Agence de presse américaine Associated Press (AP) a affirmé avoir recensé au moins 72 fosses communes, en Irak et en Syrie, dans un travail de recherche qu'elle a publié hier. Ces charniers contiendraient entre 5 200 et 15 000 victimes, en majorité des civils. Un nombre qui s'ajoute à celui des centaines d'autres corps qui ont été découverts par les autorités irakiennes dans plusieurs villes du nord de l'Irak. Mais il est encore loin d'être exhaustif, car certains charniers se trouvent dans des zones difficiles d'accès ou trop dangereux pour y effectuer des fouilles. AP cite l'exemple de 16 sites au moins dans le seul Irak, où l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech) a pris racine avant d'aller, dès juin 2014, à la conquête du pays et étendre ses tentacules vers le sud-est de la Syrie. L'agence américaine affirme avoir eu accès à des témoignages exclusifs et effectué des recherches photographiques, grâce à l'entreprise spécialisée dans la reconnaissance visuelle AllSource Analysis, qui a cartographié un total de 72 charniers, dans les régions anciennement conquises par l'organisation d'Abu Bakr Al-Baghdadi en Irak et en Syrie. "Plus le groupe Etat islamique perdra du terrain, plus on découvrira des fosses communes dans les zones abandonnées par les djihadistes", a précisé AP. Les petits charniers contenaient au moins trois corps, alors que les plus importants en contenaient plusieurs milliers, a souligné l'agence. C'est surtout à la frontière irako-syrienne, plus précisément sur les monts Sinjar, que Daech a commis le plus d'exécutions et creusé le plus de fosses, selon AP. L'organisation terroriste aurait enterré, selon des estimations préliminaires, plus de 600 personnes dans une fosse découverte à proximité de la prison de Badoush, aux abords de la ville de Mossoul. AllSource Analysis a révélé aussi l'éventuelle existence d'un charnier où des prisonniers ont été enterrés côte à côte, dans une longue tranchée dans un ravin près d'une rivière, a ajouté AP sur son site, où elle a diffusé des images satellites. "Les preuves montrent clairement que (les terroristes de Daech, ndlr) avaient l'intention d'exterminer le peuple yézidi", explique Naomi Kikoler, qui s'est rendue sur place pour le Musée de l'Holocauste à Washington. "Mais il n'y a eu pratiquement aucun effort pour documenter de manière systématique les crimes perpétrés et s'assurer que les charniers soient identifiés et protégés", a-t-elle ajouté. L'EI n'a jamais cherché à cacher ces charniers, rappelle l'agence de presse. Mais avec le temps, les tombes se détériorent et les preuves de ce qui a été décrit comme un génocide par les Nations unies disparaissent. Mai dernier, l'envoyé spécial des Nations unies en Irak a fait part de la découverte de plus de 50 fosses communes, dont 3 sur un terrain de football à Ramadi, reconquise par l'armée irakienne fin 2015, après des mois de combats contre les éléments de Daech, auteurs de ces tueries collectives. Ces fosses contenaient des dizaines de corps. Lyès Menacer