Les enquêtes diligentées par la justice dans 22 wilayas ont permis l'identification d'au moins 137 personnes, dont 12 encadreurs et 77 candidats, impliquées dans le scandale du bac. À la veille de la rentrée scolaire prévue pour demain, les premiers résultats des enquêtes enclenchées sur la fraude à grande échelle ayant émaillé les épreuves du baccalauréat font état de l'arrestation de 15 personnes, reconnues coupables, sur un ensemble de 137 personnes soupçonnées dans ce scandale sans précédent. C'est ce qu'a révélé jeudi dernier en marge de sa rencontre avec les partenaires sociaux du secteur, la ministre de l'Education, Nouria Benghabrit, se référant aux informations recueillies auprès du ministère de la Justice. "Sur 16 prévenus placés en détention préventive, 15 individus dont trois femmes ont été reconnus coupables d'actes de fraude", a-t-elle précisé, indiquant que des enquêtes, encore en cours, sont engagées dans pas moins de 22 wilayas. Ce qui laisse entendre que d'autres personnes dont des encadreurs de l'éducation sont également éligibles à la condamnation. Elle concerne, détaille la ministre, au moins "119 personnes dont 35 femmes", rappelant que les enquêtes diligentées par la justice dans 22 wilayas ont permis l'identification d'au moins 137 personnes dont 12 encadreurs et 77 candidats, impliquées dans le scandale du bac. Du coup, affirme-t-elle, "des mesures ont été prises à l'encontre des prévenus impliqués dans la publication des sujets avec leurs corrigés sur les réseaux sociaux, d'usurpation d'identité du candidat, d'utilisation de téléphones cellulaires et Bluetooth et complicité dans des actes de fraude".
Retraite anticipée : Mme Benghabrit rassure S'agissant de la rencontre avec les partenaires sociaux, la ministre, consciente des réactions que susciterait le maintien par le gouvernement de la décision, confirmée la veille par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de réformer le système des retraites, a d'emblée tenu à rassurer que cette réforme ne concernerait pas à présent le secteur de l'éducation. Du moins pas pour l'instant. Selon elle, les enseignants et autres employés du secteur désirant partir à la retraite anticipée, (proportionnelle), peuvent toujours le faire. Mais à condition, nuance-t-elle, qu'ils déposent leurs dossiers avant le 31 décembre prochain, soit l'échéancier préalablement établi par le gouvernement. Néanmoins, elle promet d'œuvrer à inscrire le métier (ou les métiers) de l'enseignement dans la nomenclature des "travaux pénibles" que le gouvernement devra définir dès l'entrée en vigueur, prévue à partir de 2017, du nouveau système de retraite lequel est conçu notamment pour mettre fin au départ à la retraite anticipée ou encore la fixation à 60 ans de l'âge du départ à la retraite. Consciente que "près de 90%" des demandes de retraite déposées par les fonctionnaires de l'éducation, concernent la retraite anticipée, Benghabrit promet, en effet, l'organisation prochainement d'un atelier autour de ce thème avec les partenaires sociaux. "Les fonctionnaires du secteur pourront déposer leur dossier à la fin 2016 en fonction de l'agenda préalablement défini. Tous les fonctionnaires du secteur de l'éducation nationale sont au courant que le dépôt des dossiers de retraite doit se faire lors du premier trimestre de l'année scolaire", a-t-elle expliqué, non sans rassurer que les fonctionnaires dont les dossiers avaient été déposés entre septembre et novembre 2015 bénéficieraient de la retraite à "la fin août de l'année prochaine". Idem, dit-elle, pour ceux qui comptent déposer leur dossier au courant du premier trimestre de la présente année scolaire.
Les syndicats réservés Si l'argument avancé par Benghabrit apaise un tant soit peu des prétentions immédiates relatives au départ à la retraite anticipée, il n'en demeure pas moins que les syndicats du secteur refusent catégoriquement que cet acquis des travailleurs soit remis en cause. "Certes, les explications concernant le dossier de la retraite fournies par la ministre, par ailleurs sensible à plusieurs de nos doléances, reste convaincantes d'autant plus qu'elle s'est affichée plutôt favorable à l'inscription de notre métier d'enseignant dans la liste des travaux pénibles, mais en tant que syndicaliste, je reste foncièrement opposé à ce que cet acquis des travailleurs soit définitivement remis en cause", met en garde en effet, Meriane Meziane, coordinateur national du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), joint par téléphone, qui se dit ne pas comprendre "comment se fait-il que le principe du départ à la retraite anticipée soit adopté au moment où le pays était affecté par la crise économique la plus importante de son histoire — crise des années 90 — caractérisée par le plan d'ajustement structurel imposé alors par le FMI, et pas actuellement alors que la situation est de loin meilleure ?". Ce dossier, pour ainsi dire, est encore loin d'être clos. Les syndicats présents à la réunion de jeudi, n'écartent pas de recourir à la protestation dès lors que c'est le flou qui entoure toujours ce dossier. Le même syndicaliste, qui précise que cette réunion "d'information" n'avait pas pour ordre du jour de négocier, n'a pas manqué de saluer la ministre qui s'était, dit-il, montrée "sensible à nos doléances et auxquelles elle promet d'apporter des réponses". Il citera entre autres gros dossiers, la réforme du bac qu'il qualifie "d'avancée considérable pour l'école algérienne". M. Meriane se dresse, ainsi, contre le clan des islamistes qu'il désigne par "les tenants des ténèbres". L'enseignant, cela dit, n'a aucune haine envers ces derniers, mais il veut, à juste titre, les rappeler à l'ordre que l'école algérienne a besoin d'être réformée pour se mettre au diapason des standards universels et qu'ils n'ont qu'à apporter un "palliatif convaincant" s'ils en ont. Le dossier de la réforme du bac, faut-il le rappeler, est actuellement soumis au Premier ministre. Farid Abdeladim