Le Grand Hôtel d'Oran vivra ses derniers instants dans les années 2000, l'établissement devenu propriété de l'Entreprise de gestion touristique de l'Ouest (EGTO) tombera en désuétude avec la gestion publique du tourisme et du patrimoine hôtelier. La réhabilitation du Grand Hôtel d'Oran a été annoncé par le directeur de wilaya du tourisme, en pleine période des congés aoûtiens, venant ainsi mettre fin à l'une des pires opérations de privatisation d'un établissement hôtelier public. Tant dans sa conduite que de sa gestion, la "vente" du Grand Hôtel d'Oran a été le début de la fin pour cette infrastructure hôtelière au passé historique, fermée depuis 16 ans et tombant lentement et irrémédiablement en décrépitude. Si la situation de cet hôtel interpelle, c'est qu'il est l'un des symboles patrimoniaux historiques d'Oran. Situé en plein centre-ville, place du Maghreb, avec une surface bâtie de 6 485 m2 sur un terrain de 5060 m2, le Grand Hôtel ouvrira pour la première fois en 1920, avec à l'époque 88 chambres et 8 suites réparties sur 5 étages et une façade dans la continuation de l'architecture coloniale de l'époque. Son passé se conjugue avec les noms illustres d'hommes de lettres et de culture et surtout le passage du général de Gaulle lors de sa visite dans la capitale de l'Ouest. D'ailleurs, jusqu'à ces dernières années, "la chambre" de de Gaulle était conservée avec les meubles de l'époque, non pas dans la logique d'une pseudo-glorification du colonisateur mais plus comme une sorte de témoignage et de butin historique. Plus près de nous, le Grand Hôtel d'Oran vivra ses derniers instants dans les années 2000, l'établissement devenu propriété de l'Entreprise de gestion touristique de l'Ouest (EGTO) tombera en désuétude avec la gestion publique du tourisme et du patrimoine hôtelier. Ce ne sont pas moins de quatre opérations de privatisation qui seront organisées pour le Grand hôtel, en vain. La cinquième sera la bonne en 2008. Mais cette vente pour un montant jamais officialisé, capotera alors que l'acquéreur, un homme d'affaires de l'Est, était venu "prendre possession de son bien". Toujours en l'absence de communication, déjà à l'époque de la cession de l'établissement, il semblerait que celle-ci échouera lorsque le nouveau propriétaire aurait constaté que l'EGTO devait rester "propriétaire des murs" et qu'il n'aurait la main que sur le fond de commerce. Autre élément ayant concouru à faire parler de la privatisation du Grand hôtel, la situation des salariés de l'époque, une quarantaine de personnes qui s'était opposées longuement à cette privatisation. Ils avaient en vain postulé en qualité de collectif des travailleurs pour reprendre "leur hôtel". Une solution rejetée quatre fois par les pouvoirs publics. Des grèves ensuite avaient été initiées pour le recouvrement de leurs indemnités de départ. Aujourd'hui l'état de l'hôtel est extrêmement délabré, sa réhabilitation coûtera très cher et nécessitera un savoir-faire technique pointu. Une autre étape en perspective pour une hypothétique renaissance du Grand Hôtel. D. LOUKIL