Pour les élus de l'opposition, les intentions déjà affichées par le gouvernement quant à faire passer la loi de finances pour 2017, la loi sur la retraite ou encore la loi sur les binationaux, n'augurent rien de bon. Au moins une vingtaine de projets de loi, dont 8 déjà déposés auprès du bureau de l'Assemblée, sont inscrits à l'ordre du jour de la session parlementaire, la dernière de la législature, ouverte avant-hier, et qui se prolongera jusqu'au printemps prochain. À l'approche du terme de leur mandat qui s'achèvera au plus tard en mai 2017, les parlementaires, notamment ceux de l'opposition, ne cachent pas leurs appréhensions quant à cette session chargée d'activités, mais aussi entourée de flou. Pour eux, les intentions déjà affichées par le gouvernement pour faire passer un certain nombre de lois importantes, notamment la loi de finances pour 2017, la loi sur la retraite ou encore la loi sur les binationaux, "n'augurent rien de bon". Ils s'attendent plutôt à un remake des précédentes sessions, notamment la dernière durant laquelle le gouvernement a profité de l'absence des députés pendant le mois de Ramadhan pour faire passer une panoplie de lois sans réellement les soumettre à débats. Contacté hier, Lakhdar Benkhelaf, député du parti El-Adala présidé par Abdellah Djaballah, entrevoit, en effet, une session parlementaire sur fond de "précampagne" électorale qui achèverait la crédibilité de cette 7e législature qualifiée de "catastrophique". L'opposition craint particulièrement la loi de finances pour 2017 dont les bribes de dispositions dévoilées par le gouvernement ne sont pas pour rassurer. Elles menacent même de davantage d'érosion le pouvoir des ménages. Cela, même s'ils déclarent préférer attendre que cette loi soit soumise au Parlement afin de pouvoir "juger sur pièces". "Certes, il est encore trop tôt pour parler de cette loi, tant est qu'elle reste encore inconnue pour nous, aussi, nous préférons attendre pour découvrir son contenu dans le détail pour pouvoir donner une appréciation, se positionner. Néanmoins, d'après les intentions affichées par le gouvernement, nous craignons que ce soit une loi de finances pénalisante pour la majorité des Algériens qui seront encore appelés à supporter le poids de la crise financière", a alerté l'élu et membre de la direction du Parti des travailleurs (PT), Ramdane Taâzibt, foncièrement opposé à la politique d'austérité pour laquelle le gouvernement avait déjà opté dans le cadre de la loi de finances pour 2016 pour tenter de remédier à la crise économique, conséquence de l'amenuisement des recettes pétrolières. "Ça suffit l'austérité !", s'est écrié le parlementaire du PT qui regrette "l'inexistence de la culture de bilans dans ce pays". Il déplore, à ce titre, le fait que le gouvernement s'empresse d'adopter une loi de finances pour 2017, sans faire le bilan de la précédente. M. Taâzibt juge que la loi de finances avait déjà causé "trop de dégâts" et qu'on devait retenir les leçons pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Si le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s'est enorgueilli, à l'occasion de sa dernière visite à Saïda, d'une "baisse de chômage" et de l'évolution du PIB, l'élu du PT estime que la LF 2016 a, au contraire, engendré une augmentation du taux de chômage, et ce, dit-il, à cause notamment de la décision prise dans le cadre de cette loi pour le gel des recrutements dans le secteur public. La même LF 2016, a ajouté M. Taâzibt, a, en outre, laminé le pouvoir d'achat des ménages qui a dégringolé de "40%". Cela, sans parler des "cadeaux" fiscaux et parafiscaux offerts, dit-il encore, au patronat, toujours dans le cadre de cette LF 2016. Pour notre interlocuteur, si le gouvernement voulait vraiment remédier à la conjoncture économique, des solutions moins contraignantes pour les Algériens existent. Au lieu de solliciter l'argent des citoyens, l'élu du PT recommande au gouvernement de récupérer, entre autres, les impôts impayés, les transferts illicites ou encore l'argent perdu dans les "surfacturations" et les "importations fictives". Il rappelle, ce disant, les "9 981 milliards de dinars" d'impôts impayés avant 2013, les "30 milliards de dinars" des transferts illicites, ainsi que les "11 milliards de dollars" de perdus en 10 ans dans le cadre de l'accord d'association avec l'Union européenne. Ceci, ajoute-t-il, sans parler des 4 millions d'employés non déclarés à la Caisse des assurances sociales, ou encore l'accord inutile signé avec la zone arabe de libre-échange pour l'importation des produits asiatiques ! Farid Abdeladim