Les élus du Front des forces socialistes (FFS) ont, quant à eux, maintenu et renouvelé leur décision de boycotter cette séance d'ouverture. Un peu comme les écoliers, les parlementaires ont aussi fait leur rentrée, hier, pour une dernière session de la présente législature, laquelle s'achève au printemps prochain. Cette nouvelle session, désormais unique, conformément aux dispositions de la Constitution amendée début février, a été ouverte sur fond de tractations électoralistes, engagées prématurément au sein des différentes formations politiques en prévision des législatives d'avril ou mai 2017. La présence timide de parlementaires aux cérémonies protocolaires d'ouverture renseignait, en effet, sur le désintérêt des élus en fin de mandat. Des élus plus enclins à s'occuper de la préparation de leur campagne électorale ou de celle de leurs partis, que de se concentrer sur les débats autour de la panoplie de projets de loi programmés pour cette session. En effet, le nombre des parlementaires, notamment ceux de la Chambre basse, y compris ceux des partis de la majorité, était très réduit hier. Les élus du Front des forces socialistes (FFS) ont, quant à eux, maintenu et renouvelé leur décision de boycotter cette séance d'ouverture. Un boycott justifié, dans un communiqué rendu public hier, par le rejet du parti "des simulacres qui se répètent, alors que le pays a grandement besoin d'aborder sérieusement ses graves problèmes politiques, économiques et sociaux". "La décision des parlementaires du FFS est une protestation contre le caractère purement protocolaire de cette séance alors que la situation du pays exige du Parlement d'assumer pleinement et avec un réel esprit de responsabilité – qui n'est pas celui du silence – son rôle de représentation de la société", lit-on dans le communiqué du vieux parti de l'opposition dont les "représentants du peuple" ont pour autant choisi de ne pas se présenter à l'hémicycle. Ils s'engagent, néanmoins, à poursuivre leur "combat pour l'instauration d'un Etat de droit fondé sur la séparation des pouvoirs et où les institutions assument pleinement et sans faux-semblant leurs rôles". Comme lors des précédentes sessions de cette législature finissante, les députés, notamment ceux des partis de la majorité, se contenteront, à l'évidence, d'entériner la totalité des projets de loi que le gouvernement soumettra à leur appréciation. La minorité parlementaire, représentant les partis de l'opposition et quelques indépendants, se résignera, quant à elle, à dénoncer des "coups de force" du gouvernement. Ce ne sera pas nouveau, au demeurant. C'était le cas durant les sessions parlementaires précédentes. Les entités parlementaires de l'opposition ont déjà eu à se montrer frondeuses, lors, notamment, du "passage en force" de la loi de finances 2016. Une loi vivement contestée par l'opposition, pour rappel. Et pour cause, les nombreux amendements introduits par les élus de l'opposition auprès du bureau de l'APN ont été rejetés quasiment en vrac. Avec la série de mesures, notamment les taxes supplémentaires, que le gouvernement prévoit d'introduire dans la loi de finances 2017, les débats risquent d'être plus houleux à l'occasion de la présentation de cette loi à l'hémicycle. Si le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, tente de rassurer sur la "préservation" des acquis sociaux et surtout du pouvoir d'achat dans le cadre de la prochaine loi de finances, beaucoup d'observateurs appréhendent, en revanche, une loi de finances rigoureuse, prélude à une austérité asphyxiante. Cela d'autant plus que la loi de finances 2017 est conçue pour "préserver les grands équilibres" macroéconomiques et la maîtrise des budgets de l'Etat. Comme pour préparer les parlementaires, les présidents de l'APN et du Sénat, Larbi Ould Khelifa et Abdelkader Bensalah, ont, pour leur part, improvisé des discours de circonstance concernant la prochaine loi de finances. "La loi de finances 2017 propose les outils juridiques et financiers nécessaires à la mise en œuvre du nouveau modèle économique par l'encouragement de l'investissement et la rationalisation des dépenses publiques", a soutenu, à ce titre, M. Bensalah. Même son de cloche chez M. Ould Khelifa qui appelle les élus à "redoubler d'efforts en toute discipline et dévotion". Les députés auront-ils l'audace d'opposer leur veto au gouvernement et sauver du coup leur mandature qualifiée comme la plus sombre de l'histoire du Parlement ? Farid Abdeladim