En cas de silence du gouvernement, un mouvement de protestation pourrait être déclenché dans les prochaines semaines. Une coordination des syndicats, regroupant de nombreux secteurs, comptent se réunir le 24 septembre pour se concerter sur les actions à prendre pour contrer la décision de la suppression de la retraite anticipée, nous apprend Meziane Meriane, coordonnateur national du Syndicat national des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). Pour rappel, lors de la réunion de la Tripartie qui s'est tenue le 5 juin dernier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé que la limite des 32 ans et la retraite anticipée seront supprimés. Cette annonce du Premier ministre a rapidement provoquée un tollé des syndicats qui ont rejeté à l'unanimité la révision de la retraite. Ces syndicats projetaient même d'organiser une vaste protestation pour exercer des pressions sur le gouvernement afin qu'il revienne sur sa décision, augurant d'une rentrée sociale brûlante. Selon Meziane Meriane, cette suppression est la remise en cause d'un acquis des travailleurs. Cette révision est refusée par la plupart des syndicats. Meziane Meriane estime plus judicieux, pour rétablir les équilibres de la CNR de revoir, par exemple, le plafond des retraites des hauts cadres de l'Etat qui sont de 30 fois le Smig. Il serait également judicieux, ajoute-t-il, d'obliger les patrons à déclarer leurs personnels. Cette suppression de la retraite anticipée, prévue à compter du 1er janvier 2017, pousse des centaines de milliers de travailleurs à partir avant l'âge limite. Selon des chiffres officieux, il serait plus de 500 000 salariés qui prétendent à cette retraite anticipée et qui comptent en bénéficier avant janvier 2017. Cette situation risque de porter un rude coup à l'économie nationale et à la Caisse nationale des retraites. Pour Amar Takjout, secrétaire général de la Fédération textiles et cuirs et responsable au sein de l'UGTA, la contestation est somme toute légitime. Il reproche aux pouvoirs publics leur manque de pédagogie et de communication dans la conduite de cette révision. Il pointe également du doigt le discours officiel qui d'un côté affirme que la situation est bonne et il y a pas de raison de s'alarmer et d'un autre côté il envoie le signal que la situation est difficile. Tout cela contribue à ce genre de réactions des salariés, explique-t-il. Face à cette contestation qui a ébranlé, en début d'été, des sites comme Hassi Messaoud et Rouiba, le gouvernement, revoyant sa copie, a évoqué l'option d'une dérogation accordée aux travailleurs exerçant des métiers pénibles pour sortir en retraite anticipée. Loin d'apaiser la tension, cette annonce a semé de la confusion quant à la définition de ces métiers pénibles. Amar Takjout estime que ce n'est pas à l'UGTA d'établir cette liste. Certes, l'organisation syndicale contribue à la réflexion mais l'établissement de la nomenclature des métiers pénibles doit être le fruit de la contribution de tous les acteurs à savoir les syndicats, les médecins du travail, les spécialistes en sociologie du travail, les économistes et aussi le BIT qui dispose de référentiels sur lesquels la réflexion peut se fonder. Cette notion de "métier pénible" a fait couler beaucoup de salive et d'encre sans que le gouvernement communique clairement sur la question pour édifier l'opinion publique. Repères Trois millions de bénéficiaires de pensions et allocations de retraite. La CNR verse annuellement 870 milliards de dinars. En Algérie, il y a 2,1 actifs pour un retraité (la norme internationale est de 5 actifs pour un retraité). Sur les 1,7 million de retraités, 890 000 sont partis à la retraite anticipée. 2% de la fiscalité pétrolière sont affectés à la CNR.