Le débat sur la suppression à partir du 1er janvier 2017 de la retraite anticipée, sauf pour les femmes et les métiers pénibles, et l'entrée en vigueur du projet de loi fixant l'âge de départ à la retraite à 60 ans, commence à s'épaissir. D'abord avec cette annonce d'un représentant de la centrale syndicale UGTA hier dimanche, Amar Takdjout, qu'une liste des métiers pénibles est en train d'être élaborée avec certains secteurs économiques publics, ensuite avec la position ferme des syndicats autonomes contre la décision du gouvernement de supprimer la proportionnelle et la retraite anticipée. On se rappelle que la dernière tripartite, à laquelle les syndicats autonomes n'avaient pas été conviés, avait décidé de revenir à la retraite à 60 ans et de supprimer les retraites proportionnelle et anticipée. Au printemps dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait confirmé que la retraite à 60 ans entrera en vigueur l'année prochaine, avec cette précision que «ceux qui souhaitent partir avant la fin de l'année sont libres de le faire». Il a en outre ajouté que «la retraite anticipée est maintenue pour les femmes et les métiers pénibles». Immédiatement après, il y a eu une formidable levée de boucliers des syndicats autonomes, qui ont non seulement dénoncé cette décision de la tripartite, mais annoncé leur volonté de la combattre. Dans un communiqué commun, les syndicats autonomes ont mis en garde le gouvernement contre la suppression de la retraite anticipée et proportionnelle, avant de faire remarquer que les décisions de la tripartite ne les concernent pas dès lors qu'ils n'ont pas été associés à ses réunions. «A l'heure où on attendait une amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs de la fonction publique, le gouvernement nous surprend avec une décision prise en concertation avec l'UGTA qui ne représente nullement les travailleurs'', avait relevé l'Unpef, qui rappelle que les cotisations à la sécurité sociale des travailleurs de l'Education nationale profitent à tous les autres secteurs. Mais, l'UGTA enfonce le clou et annonce, par le biais d'Amar Takdjout, membre de son secrétariat général et SG de la Fédération du textile et cuir, en annonçant la mise en chantier prochainement d'une opération d'établissement des listes des personnels effectuant un travail pénible éligibles à la retraite anticipée. Dans une déclaration hier dimanche à la radio nationale, Amar Takdjout a affirmé que l'UGTA a entamé l'élaboration d'une liste des métiers pénibles avec les secteurs économiques. 'La liste des bénéficiaires sera établie sur la base de points, qui nécessite une étude globale'', a-t-il dit, précisant que 'les secteurs concernés sont l'industrie lourde, le BTP et le secteur minier.'' ''Tous les partenaires sociaux sont concernés par l'élaboration et la définition de ces listes, et il doit y avoir une étude sérieuse des acteurs du secteur de l'emploi pour qu'il n'y ait pas de dérapages'', a-t-il ajouté. Lors de la dernière tripartite, le gouvernement, l'UGTA, le FCE (Forum des chefs d'entreprises) et les organisations patronales avaient paraphé l'accord de suppression de la retraite anticipée et porter la retraite pour tous les personnels à 60 ans. Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique élargi (Cnapeste), affirme de son côté que 'notre position reste la même'', le rejet de cette décision. Contacté par Le Quotidien d'Oran hier dimanche alors qu'il participait à Jijel à l'université d'été de son organisation syndicale, il a rappelé que 'notre point de vue sur ce dossier est clair, nous avons déjà donné notre position dans un communiqué commun avec les autres syndicats contre ces décisions unilatérales du gouvernement et celles de gens qui n'ont aucune relation avec le terrain et les préoccupations (des syndicats autonomes)''. 'Nous refusons ces décisions, car nous n'avons pas été consultés'', affirme-t-il, précisant que 'les difficultés financières de la CNR (Caisse nationale de retraite) ne sont pas de notre responsabilité et ne nous concernent pas''. Pour Messaoud Boudiba, 'si crise économique il y a, nous n'en sommes pas responsables.'' ''Maintenant, s'il faut y aller (vers une suppression de la retraite anticipée et son maintien pour les métiers pénibles), on ira ensemble, mais après des discussions avec les syndicats autonomes'', a-t-il expliqué. Le Cnapeste, soutient-il, refuse 'ces décisions unilatérales, prises sans concertation avec les syndicats autonomes'' et 'elles ne nous concernent pas''. Dans un communiqué commun, tous les syndicats autonomes avaient réagi en dénonçant la décision de recul à 60 ans de la retraite et la suppression de celle anticipée et proportionnelle, prise par la tripartite. Pour les enseignants qui le demandaient, ils pouvaient faire prévaloir leur droit à une retraite anticipée au bout de 25 ans de travail. Le refus ferme des syndicats autonomes de la décision de suppression, sauf pour les métiers pénibles reconnus par l'UGTA et le gouvernement, va très certainement ouvrir la voie à un épique bras de fer sur le front social. Il est clair que les deux camps ne vont pas se faire de concessions, ce qui prélude déjà d'une rentrée sociale chaude en perspective.