Pas une baguette de pain sur un rayon de 20 kilomètres dans le Grand-Alger, le premier jour de l'Aïd. Les boulangers réquisitionnés par le ministère du Commerce n'ont pas respecté le calendrier des permanences pour assurer la disponibilité de ce produit de grande consommation. La plupart des dépôts de pain qui ont ouvert vers 11h n'ont pas été approvisionnés, provoquant une pénurie générale dans de nombreux quartiers et les cités d'Alger. Le constat est également déplorable du côté des pharmaciens qui étaient aux abonnés absents, notamment ceux situés sur les grands boulevards de la capitale. Les Algérois qui venaient d'accomplir la prière de l'Aïd el-Adha et le rituel du sacrifice, ont même eu droit aux coupures d'eau. C'est le cas à Bouzaréah où des familles ont dû recourir aux citernes, mais aussi dans certains quartiers de Draria où ces coupures ont duré plus de 4 heures, laissant les familles sur leur soif. Hormis les magasins d'alimentation générale et les pompes à essence qui étaient ouverts à 10h du matin, les autres commerces ont baissé rideau pour planter un sinistre décor qui, par ailleurs, risque de durer toute la semaine. Sur les hauteurs d'Alger, comme à Dély-Ibrahim, Aïn Allah, Ben Aknoun, Oued Romane, Draria, Baba Hassan et Kheraïcia, plusieurs magasins sont restés fermés jusqu'à 16h, voire 17h. À Bab El-Oued, en revanche, des dizaines de magasins étaient déjà ouverts à 10h du matin, comme les commerces de légumes et fruits, les buralistes, et ce, aux côtés des marchands ambulants qui proposaient des légumes et fruits dans les petites ruelles. On a l'impression que les mesures prises par le ministère de tutelle n'étaient pas aussi dissuasives et la majorité des commerçants était aussi aux abonnés absents pour assurer un approvisionnement régulier en cette fête ancestrale. Il aura fallu attendre hier matin pour voir certains commerces lever le rideau, mais l'approvisionnement en aliments de première nécessité, comme le lait et le pain, faisait encore défaut, sachant que la plupart des commerçants habitent à l'intérieur du pays, comme Sétif, Jijel ou encore la Kabylie. Hier matin, la tension sur le pain et le lait étaient perceptible. Il fallait se lever à l'aurore pour trouver une baguette de pain. Passé 7h du matin, les paniers sont vides. Côté restauration, inutile de poser la question. Tous les restaurants étaient fermés au grand dam des travailleurs qui assuraient les permanences dans divers secteurs d'activité. Il faut rappeler que le ministère du Commerce avait réquisitionné, à travers la wilaya d'Alger, 6 558 commerçants et qui devaient assurer cette permanence durant les deux jours de l'Aïd, dont 721 boulangeries et 3 561 magasins d'alimentation générale, fruits et légumes et divers commerces. Ainsi, et en application des articles 08 et 11 de la loi 13-06 du 23 juillet 2013, modifiant et complétant la loi 04-08 du 14 août 2004 relative aux conditions d'exercice des activités commerciales, les réfractaires risquent de lourdes peines, allant du paiement d'amendes très élevées jusqu'à la fermeture. FARID BELGACEM