"Seul un réel réarmement moral de la nation algérienne est à même d'aider au redressement et au renouveau de la nation", a estimé Benflis. "Le régime politique est arrivé en bout de parcours, mais ne veut pas le reconnaître", a déclaré, hier, Ali Benflis, secrétaire général de Talaie El-Hourriyet, lors d'un meeting populaire qu'il a animé à la Maison de la culture de la ville de Batna. Dans une salle archicomble où les cadres et les militants du parti scandaient quasiment tout au long de la rencontre "Benflis Président !", le secrétaire général de Talaie El-Hourriyet a opté pour le "retour aux sources" pour entamer son discours. "Je suis venu au monde à Batna, ce bastion du badissisme, des porteurs de sa bannière et des semeurs de ses principes, de ses convictions et de ses engagements", a-t-il lancé. Tout en rendant hommage à sa ville natale, Ali Benflis ne manquera pas de déplorer les événements tragiques qui ont émaillé, il y a deux semaines, la petite localité d'Oued El-Ma. "Nos sœurs, nos frères, nos filles et nos fils d'Oued El-Ma ont voulu exprimer la dureté de leur quotidien ; ils ont voulu faire connaître les privations dont ils sont victimes ; ils ont voulu que cessent les injustices dont ils sont l'objet. La réaction abusive et arbitraire à laquelle ils ont été confrontés, révèle un déni de citoyenneté, un refus de l'écoute et le mépris pour les demandes et les attentes de nos concitoyennes et de nos concitoyens", regrettera-t-il. La suite du discours se voulait une leçon de bonne gouvernance. Pour le président du parti Talaie El-Hourriyet : "Les citoyennes et citoyens choisissent leurs représentants, de la plus petite institution au plus haut de la pyramide de l'Etat, pour qu'il y ait légitimité et crédibilité, sinon les relations sont faussées, et il ne sera plus possible de gérer une nation, comme c'est le cas dans notre pays." Et de poursuivre : "Nous avons un régime politique arrivé en bout de parcours et qui ne veut pas le reconnaître, un régime politique qui ne pense qu'à lui-même, et non à toute la nation, et un régime qui se préoccupe plus de sa survie que de la pérennité de la nation algérienne." Pointant du doigt le pouvoir en place, Ali Benflis dira : "Les intérêts particuliers ont pris le pas sur l'intérêt général ; les intérêts des clientèles politiques, économiques et sociales du régime politique en place sont mieux protégés et défendus que ceux du reste de la collectivité nationale ; la rente dont ce régime politique est le dépositaire et le distributeur exclusif lui permet d'accorder les faveurs et les privilèges particuliers, et c'est ainsi que cette rente a été mise au service d'intérêts particuliers et non au service de l'intérêt général comme en témoigne l'usage qui a été fait de la manne financière sans précédent durant la décennie écoulée." Aussi, pour faire face à la crise politique, économique et sociale du pays, Benflis préconise "un réel réarmement moral de la nation algérienne comme un préalable indispensable à son redressement et à son renouveau". Et c'est en cela que consiste le projet de Talaie El-Hourriyet, selon Ali Benflis. Rachid HAMATOU