Résumé : Avant de donner son accord, Racim demande à sa mère de lui arranger un entretien avec la jeune fille. Keltoum n'approuve pas trop cette proposition. Cependant, elle n'avait pas le choix. Son fils n'en démordait pas. Il avait trimé dur et il était fier de ses exploits. Keltoum ne l'était pas moins, mais demeurait tout de même sceptique quant à l'accomplissement de son vœu le plus cher, alors que son fils s'entêtait à rejeter toute proposition ayant un lien avec son avenir conjugal. Elle soupire encore. Maintenant qu'elle venait de décrocher la perle rare et qu'il avait enfin consenti à ce qu'elle prenne les rênes pour le conduire à bon port, ne voilà-t-il pas qu'il hésite encore à accéder à son choix et demande à voir la jeune fille ! Le jour de ce rendez-vous galant arrive. Racim rentre avec une grande boîte de confiseries et une gerbe de fleurs. Keltoum sourit en le voyant. - C'est la première fois où je te vois aussi emballé à rencontrer une fille. -Tout à un début, maman. -Oui. J'ose espérer seulement que tout se passera bien. -Moi aussi, mère. Elle lui jette un regard interrogateur. -Tu me sembles un peu anxieux, mon fils. -Non. Je suis plutôt étonné moi-même par cette initiative. -Tu regrettes ta décision de rendre visite à cette famille ? -Non. Non. Ce n'est pas ça. Je me disais que finalement, chaque chose arrive en son temps. -Bien sûr, mon fils. On a beau attendre, tout arrive à point. Je pense que c'est l'heure. Nous devrions nous montrer ponctuels pour ton premier rendez-vous. Les retards sont toujours un mauvais présage. Racim ébauche un sourire. -Arrête un peu avec tes superstitions, maman. -Mais je t'assure mon fils que... -Ne m'assure rien. Ou plutôt fais en sorte que ces gens chez qui nous nous rendons ne prennent pas cette première rencontre pour un acquiescement de notre part. -Je pense qu'ils le savent. Je leur ai déjà expliqué que tu ne voulais aucunement brusquer les choses, et que leur fille aura aussi son mot à dire. -Parfait. Allons-y. L'appartement sentait le bois ciré et la lavande. Racim dépose son bouquet de fleurs sur la petite table du salon et se retourne vers le vieil homme qui lui faisait face pour lui serrer la main. -Sois le bienvenu, mon fils, lance ce dernier en l'invitant d'un geste à prendre ses aises. Keltoum remet la boîte de confiseries à la vieille Noria. -Que notre venue attire le bonheur dans votre maison. -Merhaba bikoum. Merhaba bikoum. Prenez donc place. Sois le bienvenu mon fils, lance-t-elle à Racim qui s'approchait d'elle pour la saluer. L'air conditionné que dégageait le climatiseur rendait l'atmosphère agréable. Keltoum se débarrasse de son voile, que la maîtresse de maison s'empresse de plier soigneusement. -Il fait une chaleur torride aujourd'hui. -Oui. C'est l'été. Néanmoins, ces dernières années sont de plus en plus chaudes. Keltoum se met à s'éventer. -Tu peux le dire, Lla Noria. J'ai de plus en plus mal à supporter ces canicules. -Moi aussi. Slimane, mon mari, me reproche mes continuelles lamentations à ce sujet. Il me rappelle souvent que lorsque nous étions en France, je me languissais justement du soleil de notre pays. -Certes, nous sommes gâtés en matière de soleil, mais franchement ces chaleurs estivales me rendent malade. Slimane intervient. -Le réchauffement de la planète y est pour beaucoup. Les saisons sont décalées, et cela provoque aussi des perturbations dans les températures. L'été d'autrefois n'était pas aussi caniculaire. N'est-ce pas mon fils ? Racim se racle la gorge. -Je suis d'accord avec vous. Lorsque j'étais étudiant, il m'arrivait de repousser mes vacances jusqu'en septembre. Je pouvais travailler durant les deux premiers mois d'été, sans contrainte. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. La chaleur m'incommode et souvent je préfère me cantonner dans mon bureau jusqu'à la fin de la journée. Heureusement qu'il y a les climatiseurs. -N'est-ce pas ?, renchérit Noria qui le dévisageait. (À suivre) Y. H.