"La loi relative au régime électoral et la haute instance de surveillance des élections sont des atteintes aux droits et libertés fondamentales du citoyen", dénonce notre source. La rentrée politique de l'opposition ne sera pas banale. Elle ne le sera pas, puisqu'elle a en perspective d'acculer le pouvoir sur nombre de dossiers politiques et de l'amener à accepter à négocier une transition politique pacifique. Pour ce faire, les partis et personnalités politiques, membres de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso), se préparent à entériner un mémorandum politique sur lequel une commission a planché plusieurs semaines durant. Le document, qui est une sorte de livre blanc sur les atteintes aux droits de l'Homme, aux libertés politiques et aux libertés fondamentales d'une manière générale, sera finalisé aujourd'hui, au cours de l'ultime réunion de la commission chargée de son élaboration, a-t-on appris de bonne source. La réunion de l'Icso, programmée pour le 3 octobre prochain, au siège du parti Talaie El-Houriyate de l'ancien chef de gouvernement Ali Benflis, devra examiner la proposition de ladite commission et valider ce qui sera le mémorandum de l'opposition sur les atteintes aux libertés. Selon une source proche de l'équipe qui a travaillé sur l'élaboration du document, le gouvernement sera épinglé sur notamment la loi portant régime électoral ainsi que sur celle instituant la haute instance de surveillance des élections. Deux textes de loi que l'opposition considère comme des barricades dressées devant l'émancipation des partis politiques et un dispositif qui remet en cause le multipartisme. "La loi relative au régime électoral et la haute instance de surveillance des élections sont des atteintes aux droits et libertés fondamentales du citoyen", dénonce notre source, citant en exemple la disposition de la loi électorale qui impose aux partis politiques de justifier d'un score électoral supérieur ou égal à 4% des suffrages lors des dernières élections, faute de quoi, obligation leur sera faite de récolter les signatures nécessaires au parrainage de leurs listes de candidature. "Cette disposition est une remise en cause du parti politique. Sinon, à quoi servent les partis s'ils doivent subir ce parcours du combattant ?", s'interroge notre source qui affirme, par ailleurs, que "le taux de 4% exigé comme score électoral minimal est contestable, puisque les élections sont entachées de fraudes et donc leurs résultats ne reflètent pas la réalité du poids et de l'envergure des partis politiques. La condition profite aux seuls partis du régime ainsi qu'aux partis satellitaires". Pour notre source, la loi électorale est faite pour écarter les partis de l'opposition. "Le but est d'annihiler les partis politiques. C'est une grave menace sur les acquis de la révolte d'Octobre 1988 qui a imposé le multipartisme, consacré par la Constitution de 1989." Pour notre source, il est à craindre que ce ne soit la volonté de Bouteflika de réduire la scène politique à trois, voire à deux partis, qui est mise en œuvre. "Après avoir recouru à la pollution de la scène politique en 2011, en distribuant des agréments tous azimuts aux clientèles, le pouvoir, la tempête passée, veut rétrécir, sinon éliminer l'opposition politique", affirme notre source qui reconnaît que la dénonciation de la situation ne suffit pas. "Une fois le mémorandum adopté, il faut l'accompagner par une démarche pratique, laquelle aura pour but de mettre la pression sur le pouvoir. Cette démarche sera définie à l'occasion de la réunion de l'Icso, le 3 octobre." Sofiane Aït Iflis