Réunie une dernière fois au mois de juillet écoulé, l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition (Icso) n'a prévu, pour le moment, aucune rencontre de ses membres pour cette rentrée sociale. Une rentrée, somme toute, difficile pour une opposition prise en étau par un pouvoir qui s'est engagé à travers un arsenal de lois, afin, estime l'opposition, de bâillonner l'expression politique et porter atteinte au multipartisme. Selon des membres de l'Instance, "aucune réunion n'est programmée pour le moment", du moins, ajoutent-ils, avant la fête de l'Aïd. Néanmoins, assurent-ils, "une commission technique" est en phase d'être installée. Elle sera composée de juristes, désignés par les différents partis membres, et aura pour mission de se pencher sur la batterie de lois proposée par le pouvoir. "Nous ferons une lecture de ses lois, notamment celle relative à la loi électorale" et "nous sortirons avec des propositions", disent certaines sources à l'Icso. Le choix porté sur cette loi régissant les élections n'est pas fortuit, assurent nos interlocuteurs. "Il y va de la sauvegarde et de la défense du multipartisme", indiquent-ils, ajoutant que la loi comporte des dispositions qui remettent en cause les acquis de plusieurs décennies. Ils soulignent, plus précisément, que la loi dispose que pour prendre part à des joutes électorales, il faut se prévaloir d'un score électoral d'au moins 4% des suffrages lors de la dernière élection. "C'est une aberration que seul notre pouvoir peut s'enorgueillir d'avoir trouvé", dénoncent nos interlocuteurs au sein de l'Icso, soulignant que certains partis qui ont boycotté la dernière législative, "ne savent plus comment procéder". "C'est une tentative de laminer tout le monde", dénoncent-ils, assurant que le principe du boycott de la prochaine élection "est presque acquis", mais que, toutefois, un travail de sensibilisation doit être fait au sein de l'Instance. Objectif : "Mettre de la pression sur le pouvoir." La situation n'est guère différente au niveau de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD). "Nous n'avons rien prévu pour ce début du mois", indique une source à l'intérieur de la Coordination qui ne cache plus sa crainte de voir les rangs de la CLTD se fissurer davantage à l'approche des élections législatives de l'an prochain. Des législatives qui préoccuperont certainement la coordination, autant, d'ailleurs, que les lois que le Parlement a déjà votées ou s'apprête à faire. Les membres de la CLTD travailleraient à dégager une position commune par rapport à l'échéance. "Nous allons, probablement, nous réunir vers la mi-septembre", assure une autre source. "Cette réunion sera, a-t-elle dit, une occasion de peaufiner le plan d'action de l'opposition en cette rentrée sociale des plus incertaines." Pour rappel, l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition est issue des recommandations de la première conférence nationale pour la transition démocratique, tenue à Mazafran le 10 juin 2014, et qui avait réuni des partis politiques, des organisations de la société civile et des personnalités politiques. Les cinq partis formant la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), et le Pôle du changement coordonné par l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, l'UDS de Karim Tabbou, le FD de Sid-Ahmed Ghozali, sont, entre autres, partis de l'opposition, regroupés dans l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition. Mohamed Mouloudj