Les décisions prises lors de la dernière réunion de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso), tenue le 27 juillet 2016, n'arrivent pas à trouver le chemin de la concrétisation sur le terrain. Ayant échoué à imposer ou faire accepter ses propositions, l'opposition structurée autour de l'Icso peine désormais même à réaliser ses engagements organiques. Ainsi, près de deux mois après sa dernière réunion, les deux décisions sont restées sans suite, compromettant grandement la crédibilité et l'efficacité de l'instance créée dans le sillage des élections présidentielles du 17 avril 2014. Il s'agit de la mise en place d'un groupe de travail chargé d'élaborer un mémorandum politique qui sera considéré comme une plateforme pour l'action politique coordonnée et commune des partis de l'opposition. Il est question aussi de la mise en place d'un groupe de contact avec d'autres partis politiques dans la perspective d'organiser une conférence nationale en vue d'adopter une position commune sur les nouvelles lois adoptées par les deux chambres du Parlement. Des membres de cette instance, composée principalement de la Coordination des libertés et de la transition démocratique (CLTD) et du Pôle des forces de changement, admettent que cette incapacité à appliquer les décisions porte un coup à la crédibilité de l'Icso. Cela est d'autant plus valable qu'aucune réunion n'est prévue pour le moment pour donner une suite aux deux décisions qui, au fil des semaines, perdent leur utilité. Adopter une position commune sur les nouvelles lois ne peut servir en rien cette opposition, surtout que ces lois, notamment le nouveau régime électoral et l'Instance indépendante de surveillance des élections sont déjà publiées au Journal officiel et les positions distinctes des partis membres sont connues et presque identiques. Tous ces partis ont dénoncé le contenu de ces lois. Selon nos sources, chaque parti membre de l'Instance vaque à ses préoccupations à la veille des élections législatives de 2017. Aucune rencontre n'est prévue pour les prochains jours, a-t-on appris. La priorité pour ces partis consiste en la préparation des prochaines échéances électorales. Contre toute attente, la tendance générale qui se dégage est en faveur de la participation, malgré les exigences «punitives» de la nouvelle loi électorale qui impose aux partis désirant participer aux élections d'avoir 4% des suffrages exprimés lors de précédentes élections. Cette mesure a été dénoncée par tous les partis qui estiment qu'elle vise à laminer l'opposition. Le parti qui s'est senti le plus visé est Talaiâ El-Houriyat, de l'ancien chef de gouvernement, ancien secrétaire général du FLN et deux fois candidat à l'élection présidentielle (2004 et 2014), Ali Benflis. Il a dénoncé «une violence politique», «une atteinte au pluralisme politique» et «une absence totale de la moindre garantie quant à la sincérité et à la transparence des prochains scrutins». «A travers le projet de loi organique sur le régime électoral, le régime politique en place se prépare à récupérer d'une main ce qu'il a été contraint de concéder de l'autre en 2012 au moment de la grande panique que les révolutions arabes ont introduite dans ses rangs», a souligné Benflis dans l'un de ses communiqués.