Pour le ministre de l'Energie, "l'Opep est condamnée à prendre une décision, que ce soit à Alger ou à Vienne en novembre". Sans quoi, les cours risquent de chuter davantage. Très optimiste sur l'issue de la réunion informelle de l'Opep, Noureddine Boutarfa a exclu hier, lors d'une conférence de presse au siège de son département, un échec de cette rencontre qui se tiendra à Alger le 28 septembre prochain. "Il n'y aura pas d'échec de la réunion de l'Opep. L'Opep est condamnée à prendre une décision, que ce soit à Alger ou à Vienne en novembre. La réunion d'Alger sera le premier pas". Après avoir rappelé que la rencontre se tient à la demande du président de l'Opep, il a argué que tous les pays de l'Organisation sont d'accord pour stabiliser le marché mais qu'il faudrait trouver la formule qui agrée tous les membres. Si tous ces pays sont d'accord pour stabiliser le marché, cela veut dire qu'ils veulent faire un effort pour aboutir à une décision consensuelle. "L'Opep perd 300 à 500 millions de dollars/jour (du fait d'un baril à moins de 50 dollars)" a-t-il souligné. Autre argument : l'Arabie saoudite aurait fait une proposition raisonnable : revenir à son niveau de production de janvier (10,1 mbj), contre 10,5 millions de barils /jour aujourd'hui et il semble que l'Iran ne souhaite pas être à l'origine d'un échec de la réunion. Il veut atteindre 4 millions de barils/jour mais il ne compte pas arriver à ce niveau dans l'immédiat. Le ministre de l'Energie considère, à la suite des spécialistes, que le marché pétrolier est actuellement déstructuré. Il y a actuellement une surabondance de l'offre par rapport à la demande, faisant valoir que les cours pourraient chuter davantage si l'Opep ne décide pas de limiter sa production. Les prix risquent de tomber à moins de 30 dollars. "La meilleure des solutions pour l'instant est un gel de la production de l'Opep, mais sur quelle base ?", s'est-il interrogé. L'écart entre la production réelle et la production théorique de l'Organisation est important. Un gel se traduirait par une baisse de la production. "La logique économique devra prévaloir", a-t-il ajouté. Est-il raisonnable de gagner peu d'argent en augmentant de 100 000 barils/jour sa production ou d'engranger plusieurs milliards de dollars en réduisant sa production de 100 000 barils/jour ? C'est ce genre de calculs que vont sans doute faire les membres l'Opep pour se convaincre de la nécessité d'une limitation de la production. Le ministre de l'Energie a rappelé que la réunion informelle de l'Opep peut se transformer en réunion extraordinaire pour décider d'un gel de la production. C'est une réunion de concertation. Les pays membres discuteront de la situation du marché. S'ils parviennent à un consensus, les membres de l'Opep pourront tenir en urgence une réunion extraordinaire et décider à Alger du gel, comme ils peuvent aboutir à des éléments d'accord et renvoyer la décision du programme à la réunion ordinaire de l'Opep qui se tiendra en novembre prochain. Rien n'interdit dans les statuts de l'Opep de transformer, séance tenante, une réunion informelle en réunion extraordinaire."Si on parvient à un accord, ce sera très bien, si on parvient à des éléments d'accord, ce sera très bien aussi", a-t-il affirmé. Il a également rappelé que l'objectif de l'Algérie est de parvenir à des prix du pétrole dans la fourchette des 50-60 dollars. En ce sens, il a cité le P-DG de Total qui a affirmé récemment qu'il faut un prix de 50 dollars ou plus pour pouvoir investir dans l'exploration et le développement de gisements. Le ministre de l'Energie n'a pas précisé le niveau de limitation de la production ciblé et a occulté les facteurs géopolitiques et une probable volte-face d'un gros producteur comme l'Arabie saoudite ou l'Iran, qui peuvent faire capoter la réunion d'Alger. Les marchés réagiront, à un tel scénario, négativement. Les prix du pétrole connaîtront alors une chute. Il sera alors établi que l'Opep ne joue plus son rôle de régulation du marché pétrolier et l'Organisation perdra de sa crédibilité. Mais on peut s'attendre à un autre scénario : le dialogue entre pays membres de l'Opep n'aura pas suffisamment mûri à Alger et il faudra attendre 2017 pour que se construise ce consensus autour d'une limitation de la production et que les prix remontent entre 50 et 60 dollars. Mais d'ici à là, des pays comme l'Algérie vont souffrir de la dégradation de leur situation financière. Une opportunité sans doute pour engager sur le terrain la diversification économique, seule solution durable à notre forte dépendance aux fluctuations des prix du pétrole. K. Remouche