Pour le ministre algérien de l'Energie, Nouredine Bouterfa, dont c'est la première grande sortie internationale, la réunion «informelle» de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) du 28 septembre à Alger doit aboutir inéluctablement à un résultat positif. Ses déclarations à la presse de ces deux derniers jours confirment que pour lui et pour l'Algérie qu'il représentera au 15ème forum international de l'Energie (IEF15), ce sera «une question de prestige». Impossible pour lui de concevoir un résultat de cette attendue réunion informelle des plus gros producteurs de brut de la planète autre qu'un accord de gel de la production, ou un «gentelmen agreement» de ce type. Vendredi, il a rappelé dans une déclaration à l'APS que «nous allons tout faire pour réussir cette réunion». Mieux, M. Bouterfa ne laisse aucune place au doute, puisque qu'il affirme que «nous n'envisageons pas un scénario négatif. Nous devons, dans tous les cas de figure, sortir avec une solution positive». Et puis, pour communiquer son «optimisme», il n'hésitera pas à déclarer que «nous n'allons pas sortir à la fin pour dire que la réunion d'Alger a été un échec». La botte secrète de Bouterfa est de s'appuyer sur la diplomatie algérienne et le rôle d'intermédiation qu'elle a joué dans plusieurs dossiers internationaux sensibles, dont celui des hydrocarbures, ou la médiation entre pays arabes. «L'Algérie est un pays conciliateur reconnu pour ses qualités de dialogue et qui a l'avantage d'être en très bonne relation avec l'ensemble des membres de l'Opep. Nous ne sommes en conflit avec aucun de ces pays», explique-t-il, car cette qualité reconnue de l'Algérie dans la médiation est «un facteur supplémentaire qui donne davantage de confiance aux autres pays». Et puis, il y a également le fait que tous les pays producteurs, membres ou pas de l'OPEP, sont conscients qu'ils doivent «agir positivement pour remettre de l'ordre dans le marché car la situation actuelle n'est favorable ni à l'économie mondiale, ni aux pays producteurs, ni aux pays consommateurs». La Russie, un des plus gros producteurs de brut non membre de l'OPEP, serait prête à rejoindre un éventuel accord qui irait dans le sens d'une stabilisation des marchés, a-t-il par ailleurs annoncé avant d'ajouter qu' «il y a quand même une volonté qui a été affirmée publiquement par la Russie». Alger veut arriver à un consensus sur un gel de la production des pays Opep et non-Opep comme «premier pas pour absorber les stocks importants de pétrole et agir sur l'offre afin de stabiliser les prix de brut sur les marchés internationaux au-dessus de 50 dollars le baril». Durant la semaine dernière, il avait déclaré à la radio nationale que «le marché a besoin d'être soutenu, d'être guidé, les prix sont bas et la relance économique mondiale n'est pas là ; il y a une croissance très molle, ce qui peut perturber le marché à moyen et long terme». Et donc, «il faut que le marché réagisse et les pays producteurs ont intérêt à dialoguer ensemble. On a besoin d'un coup de pouce pour aider les marchés à se stabiliser», a-t-il souligné sur la question de savoir s'il y aura à Alger un accord pour le gel de la production. Pour le ministre, le premier pas pour stabiliser le marché pétrolier est de geler la production et à la réunion d'Alger, il s'agit de savoir «à quel niveau il faut geler cette production». Encore faut-il que les pays producteurs non-Opep jouent le jeu, car l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ne peut «prendre toute seule le fardeau du gel de la production, il faut un consensus au sein de l'Organisation». L'accord pourrait intervenir par ailleurs si la réunion «informelle» de l'Opep aboutit immédiatement à une réunion «extraordinaire» qui, elle, est capable de décider et de prendre des mesures allant dans le sens des intérêts de l'Organisation ou de ses pays membres, ou du marché. Enfin, le ministre de l'Energie a rappelé que «l'Opep est consciente de sa responsabilité et ses membres sont aussi conscients de l'importance de la réunion d'Alger». A son arrivée samedi dernier à Alger, le SG de l'OPEP Mohammed Sanusi Barkindo avait expliqué que les ministres de l'Energie des pays membres de l'Opep pourraient convoquer une réunion extraordinaire s'ils arrivaient à un consensus lors de la réunion informelle d'Alger. Une réunion informelle ne peut prendre de décisions ; elle le restera jusqu'à ce que les ministres des pays membres décident eux-mêmes de la nécessité de prendre certaines décisions. «C'est à ce moment-là, a-t-il poursuivi, qu'une réunion informelle pourrait décider de convoquer une réunion extraordinaire dans le but de prendre des décisions». Le SG de l'OPEP a ainsi confirmé qu'il y aura une proposition lors de cette réunion informelle pour la tenue d'une «session extraordinaire dans le but de prendre des décisions» de nature à stabiliser les prix du pétrole. L'Algérie abritera à partir de ce mardi et jusqu'à jeudi le 15ème Forum international de l'Energie, qui sera suivi par la réunion informelle de l'Opep, convoquée par le président en exercice, le Qatari Mohamed Salah Al-Sada, juste après la clôture du Forum.