La clause bonus-malus et la hausse des niveaux de franchise réduiraient de plus de 50% les accidents de la circulation en Algérie. Facteur de blocage par excellence, le monopole des gros portefeuilles freine toutes les initiatives. Annoncées en grande pompe il y a sept ans en Algérie, les clauses inhérentes au bonus-malus et la qualification à la hausse des franchises au préjudice des automobilistes, notamment pour réduire les accidents de la route en Algérie, ne semblent pas emballer tous les assureurs algériens. Avec une moyenne quotidienne de 6000 sinistres déclarés par les automobilistes, les assureurs suffoquent et butent, après plusieurs années d'hésitation, sur une situation financière catastrophique, à tel point où certains ont eu droit à des blâmes infligés par les autorités financières du pays. Car, aujourd'hui, il a été établi que les chiffres accablants confirment, encore une fois, l'échec de la politique de la prévention et de la sécurité routière. Bien mieux, ce fléau ne relève pas également de la seule responsabilité de l'Etat, mais d'une société civile totalement démissionnaire et qui devait mener à tous les niveaux des actions de sensibilisation pour le strict respect du code de la route. Dans une réflexion engagée. Résultat des courses : 35 199 accidents, 4610 décès et 55 994 blessés. Ces chiffres n'ont jamais fait état du nombre de véhicules impliqués dans les sinistres, par ailleurs, causés dans 95% des cas par l'homme. Du coup, le rôle des compagnies d'assurance revient au-devant de la scène pour s'impliquer à travers une batterie de mesures universellement connues et qui participent directement à réduire les accidents et les pertes humaines, mais aussi le coût des soins, des réparations, des remboursements et/ou de la réforme totale des moyens de locomotion au préjudice du trésor des assureurs. En effet, dans une réflexion engagée par des cadres de la compagnie Axa Assurances, il a été établi que tout est possible et que les résultats pourraient se faire ressentir à travers le changement du comportement des conducteurs appelés à plus de prudence. En premier lieu, il s'agit d'appliquer rigoureusement la clause de bonus-malus, un système de réduction et de majoration de la prime d'assurance automobile à la date du renouvellement du contrat. Ainsi, la prime est généralement réduite (bonus) en l'absence de sinistre et majorée (malus) dans le cas contraire. Les conducteurs ayant un bonus paieront donc leur prime moins cher et ceux ayant un malus la paieront plus cher. Ce système incite ainsi les conducteurs à une plus grande vigilance au volant, au risque d'avoir une majoration de leur prime d'assurance et permettrait de mieux détecter les mauvais conducteurs par la mise en place du fichier national des conducteurs. En second lieu, il s'agit d'appliquer des niveaux de franchise significatifs. Il s'agit du montant restant à la charge de l'assuré en cas de sinistre. Par exemple, pour une réparation de 60 000 DA, si la franchise mentionnée dans les conditions particulières est de 5000 DA, alors 55 000 DA sont à la charge de l'assureur. La franchise a pour principal objectif de responsabiliser les conducteurs du fait qu'ils participeront partiellement au paiement de leur sinistre. Il est donc important que le niveau de la franchise ne soit pas trop bas et que les assurés soient informés clairement du montant de cette dernière à la souscription. À titre illustratif, chez Axa Assurances, les niveaux de franchise varient entre 5000 et 30 000 DA, en fonction de l'âge du conducteur, et ce, en plus du bonus-malus intégré depuis 2014. En troisième lieu, certains assureurs ont entamé le virage digital en proposant une assurance automobile, dont le prix évolue en fonction du comportement du conducteur. Il suffit de télécharger une application disponible sur smartphone et l'activer durant un trajet. L'application mesure la qualité de conduite de l'assuré suivant plusieurs paramètres (vitesse, intensité du freinage, prise de virage) et indique au conducteur sa note à la fin de chaque trajet. Les assurés dont la conduite a été jugée responsable auront une remise sur leur tarif au moment du renouvellement de leur contrat. Il suffit seulement de passer à l'action et de répartir au mieux le portefeuille des assurances pour mettre fin au monopole, la source du mal. Farid Belgacem